Le rôle de la Marine a été largement sous-estimé durant et à l’issue de la Première Guerre mondiale. Malgré une contribution essentielle au niveau stratégique, l’absence de batailles navales a occulté le besoin d’un outil naval de premier ordre. Cette leçon servira après guerre pour reconstituer une marine moderne.
1918 : une victoire navale en clair-obscur
1918: an Obscured (sic) Naval Victory
During and just after the First World War the role of the French Navy was greatly underestimated. Despite the Navy’s essential strategic contribution, the absence of naval battles somewhat obscured the need for a top-class naval service. The lesson was learned after the war in the reconstitution of a modern navy.
Note préliminaire : article initialement paru dans le numéro hors-série « La Marine dans la Grande Guerre », Études Marines, sous le titre « Une marine victorieuse, mais une victoire… à la Pyrrhus ».
La Marine nationale a apporté une contribution significative à la signature de l’armistice du 11 novembre 1918. Avant tout parce qu’elle a participé à l’acquisition de la maîtrise de la mer, préalable indispensable à la victoire dans le cadre d’un conflit global et prolongé. Au plus fort des grandes batailles sur le continent (Verdun, la Somme…), le contrôle des routes maritimes a permis d’éviter l’effondrement du front occidental. Il a ensuite permis l’acheminement du corps expéditionnaire américain en avril 1917, prélude indispensable à la victoire finale. L’arrivée, saines et sauves, des armées de « l’Oncle Sam » a en effet provoqué le basculement définitif du rapport de force à l’Ouest. Mais la renonciation de Berlin a aussi été précipitée par la défection de ses alliés austro-hongrois et ottoman qui ont été vaincus grâce à une stratégie périphérique dont l’importance est trop souvent minorée. Or, les coups de boutoir des armées de l’Entente en Italie et sur les fronts oriental et moyen-oriental n’ont été rendus possibles, ici aussi, que par la victoire dans la lutte anti-sous-marine (ASM) en Méditerranée dont 50 % des moyens sont alors mis en œuvre par la Marine nationale. Ce succès est en effet la condition sine qua non de la projection et du soutien des corps expéditionnaires. Enfin, les arsenaux de la Marine ont joué un rôle décisif lors de la première moitié du conflit jusqu’à ce que la mise en place d’une économie de guerre, dès 1916-1917, ne vienne relativiser leur part – qui reste néanmoins cruciale – dans la mobilisation industrielle.
Le Gaulois, torpillé en 1916 par un U-Boot
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