Relations internationales contemporaines
Relations internationales contemporaines
La 4e édition augmentée de Relations internationales contemporaines est ce qu’on appelle d’habitude une somme. œuvre de juriste (Jean-François Guilhaudis est professeur honoraire à l’université Grenoble Alpes) mais clairement pluridisciplinaire, ce fort volume à la table des matières utilement arborescente traite l’ensemble des relations internationales avec une vigilance et une précision peu habituelle.
Partant de l’étude des principaux acteurs (États, organisations internationales, acteurs informels…), il décrit ensuite la « vie internationale », s’insérant dans une vision réaliste. Les grands thèmes sont définis, délimités, discutés : l’ordre international, le système international, la puissance (la théorie de Bertrand Badie sur « l’impuissance de la puissance » y est solidement réfutée), la guerre et les conflits (prévention et modalités, notamment), le désarmement sous toutes ses formes, etc. Des effets de loupe particulièrement bienvenus permettent de dresser des bilans sur des sujets peu traités ou délaissés : la succession d’États, le droit de veto, les « conflits potentiels »… Relevant « le souci de voir constamment du neuf (qui) est une caractéristique et un travers de beaucoup d’analyses actuelles », dénonçant également « l’engouement pour les acteurs non-étatiques », Jean-François Guilhaudis n’hésite pas à prendre parti, ce qui permet de mettre en perspective nombre de débats, qui restent d’ailleurs ouverts. Le président Trump est bien décrit en « grand perturbateur des relations internationales », mais les Occidentaux forment-ils réellement un « pôle collectif », le transatlantisme d’antan étant une notion à réexaminer de fond en comble ?
Le propos est tellement ample et panoramique, il couvre tant de domaines, qu’on a scrupule à relever des erreurs de date (la guerre Irak-Iran ne débute pas en 1979) ou des inexactitudes (il n’y a pas six États riverains en Arctique). Parallèlement, peu de commentaires sont consacrés au Brexit (événement majeur dans l’histoire de l’Europe communautaire), à l’espace extra-atmosphérique (pourtant multiplicateur de puissance), au rôle des énergies, aux sanctions économiques, au tourisme, à Internet, à l’Intelligence artificielle (certes, chantier complexe et très évolutif), au poids des techniques sur la vie internationale, à l’influence des médias. En revanche, des domaines périphériques sont associés avec bonheur à la réflexion générale : santé, migrations, sport, catastrophes. On aurait mauvaise grâce à noter une importance trop généreuse portée à l’efficacité et à l’influence des organisations à vocation universelle ou à vocation régionale (après tout, c’est affaire de point de vue) ou la reprise de la notion de « guerre contre le terrorisme » (si discutable), tant quantité d’autres champs et de secteurs de la vie internationale sont exposés avec un grand esprit de méthode et une minutie louable (une précieuse taxinomie des conflits armés est présentée). Il s’agit donc d’un instrument (rédigé avec la collaboration de Louis Balmond, autre universitaire juriste) qui fera fonction à la fois de manuel et d’usuel. On le consultera souvent. ♦