La formation des officiers de l’Armée de terre vise à les rendre capables de remplir la mission reçue dans les conditions les plus exigeantes, en particulier au feu. Cette formation se doit donc d’être réaliste et utile en inculquant à la fois des savoir-faire notamment tactiques et un savoir-être permettant à l’officier d’être un chef.
École de Guerre : sommes-nous réellement formés pour vaincre ?
The War College: Are we Really Being Trained to Win?
The training of Army officers is focused on preparing them for achieving their missions in the most demanding conditions and, in particular, under fire. Such training has therefore to be realistic and appropriate, as it must instil both tactical skills and those needed for the officer to become a leader.
« Ils s’instruisent pour vaincre ». La devise de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr résume à elle seule l’ambition de l’Armée de terre pour la formation de ses officiers : en faire des chefs militaires capables de vaincre, c’est-à-dire d’imposer par la force la volonté politique du chef de l’État à un ennemi. La formation d’un officier comprend par conséquent une formation technique, celle de l’apprentissage du métier des armes, et une formation humaine, celle du commandement. Elle doit lui permettre in fine de maîtriser l’Art de la guerre, c’est-à-dire de savoir donner les ordres qui permettront de neutraliser son ennemi par la manœuvre et par le feu, et de faire exécuter ces ordres : l’officier est formé pour être à la fois un théoricien et un praticien de la guerre.
Il en résulte qu’une action de formation des officiers qui ne relèverait pas de ce but (former des chefs militaires connaissant l’Art de la guerre et capables de le mettre en pratique) devrait être remise en question afin d’être adaptée à ce but ou supprimée. En effet, tout le temps qu’un officier passe en formation, le rend indisponible pour les forces. Il est donc essentiel que ce temps consacré à la formation soit rentabilisé, dans les objectifs comme dans les méthodes.
Arrivé après quinze ans de services à l’École de Guerre, il me paraît opportun de me retourner sur la formation que j’ai reçue, afin de vérifier si j’ai bien été formé pour vaincre ou pour faire autre chose ? À ce propos, la volonté louable de responsabiliser les stagiaires lors de leurs différentes périodes de formation en leur demandant leur avis sur le stage qu’ils sont en train de suivre me paraît nuisible. En effet, comment un officier pourrait-il juger de la qualité d’une formation alors qu’il n’a pas encore exercé la responsabilité à laquelle elle est censée le préparer ? L’exercice de ce jugement me paraît plus indiqué a posteriori, et c’est ce que je me propose de faire maintenant. Je m’appliquerai bien entendu ce principe et ne jugerai pas la scolarité suivie à l’École de Guerre puisque j’y suis encore. Mon objectif est, à partir de l’identification des qualités comme des défauts de la formation que j’ai reçue, de formuler quelques recommandations en vue de conserver ces qualités et corriger ces défauts.
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