Le Centenaire de la Grande Guerre s’est décliné en région. Amiens, particulièrement affecté par le conflit, a profité de ces commémorations pour se réapproprier la mémoire de cette période. Avec de nombreuses manifestations de nature très différente, Amiens a constitué un des exemples de l’importance de ce Centenaire pour mieux préparer l’avenir.
Amiens, un Centenaire pour la Paix
Amiens, a Centenary for Peace
The different regions of France have had different approaches to marking the centenary of the Great War. Amiens, a town particularly affected by the conflict, has taken advantage of the commemorations to rekindle remembrance of that period. Through a number of diverse events, the town has become a prime example of using the centenary to prepare better for the future.
Célébrer l’Armistice du 11 novembre 1918, c’est commémorer la fin d’un conflit qui fût, au début du XXe siècle le plus meurtrier de l’Histoire du Monde, un conflit qui, en quatre ans, fera plus de 18 millions de morts et 21 millions de blessés. Célébrer le 11 novembre, c’est donc fêter ce jour de 1918 où, enfin, ce conflit sanglant s’arrêtait, le jour où l’on voulait espérer que cette Première Guerre mondiale serait la dernière, car ce jour-là, on ne pouvait savoir qu’elle ne faisait que s’interrompre et que l’horreur allait à nouveau frapper deux décennies à peine plus tard. Célébrer le 11 novembre chaque année, c’est aussi rappeler que deux grandes batailles marquèrent les cœurs et les esprits, celle de Verdun de février à décembre 1916 et ses 700 000 victimes allemandes et françaises, et celle de la Somme, sur notre terre, du 1er juillet au 18 novembre de la même année, avec ses 650 000 victimes dans les armées alliées et 580 000 victimes allemandes…
Durant trois années, les festivités organisées par la Mission Centenaire ont été l’occasion pour nous d’organiser et de relayer de multiples temps forts à Amiens et sa métropole, sources d’échanges, de joies et aussi de réflexion sur le sens à donner à la Paix face aux défis du XXIe siècle. « Amiens, un autre regard sur la Grande Guerre » s’est en effet déroulé sur la période 2016-2018. Il s’est adressé aux habitants comme aux nombreux visiteurs venus du monde entier pour commémorer, visiter, découvrir les lieux chargés d’histoire et d’émotions. Où des parents, des aïeux, sont venus, ont écrit, les ont décrits à travers des lettres et des témoignages. Où ils ont parfois combattu. Ce projet a mis en avant les atouts culturels, patrimoniaux et touristiques d’Amiens et de son agglomération, en abordant ce thème non pas par le prisme des combats, de leurs atrocités et de l’extrême dureté de la vie sur le front, mais en questionnant le quotidien d’un territoire libre, international et vivant, dernière grande ville avant le front de la Somme.
Durant ce conflit, Amiens était la ville la plus importante à l’arrière du front ; de nombreux témoignages rapportent, la plupart du temps, une ville et ses villages proches animés, dédiés au repos et au soutien : des lieux souvent en effervescence. « Amiens, un autre regard sur la Grande Guerre » a voulu rendre hommage aux habitants et aux soldats dont les parcours se sont croisés, en racontant à tous, l’histoire de ce territoire durant le conflit. À la fois si proche et si loin des combats, le territoire d’Amiens Métropole est redevenu, cent ans après, la porte d’entrée vers le front de la Somme. Ces temps commémoratifs sont maintenant bien inscrits dans les esprits des habitants de la Métropole, suite aux différentes cérémonies internationales qui s’y sont déroulées. Mettons l’accent sur quelques-unes d’entre elles.
L’ANZAC Day : la date du 25 avril restera l’un des temps forts des saisons 2015, 2016, 2017 et 2018. Le Mémorial national australien de Villers-Bretonneux se trouve à quelques kilomètres d’Amiens. Chaque année, des milliers de visiteurs australiens et néo-zélandais font ce long voyage pour commémorer une période fondatrice pour leur nation et l’indépendance acquise par le sacrifice d’une génération entière. En avril 2018, c’est plus de 10 000 Australiens qui sont venus dans la Somme. De nombreux habitants de la Métropole les ont accompagnés pour vivre les cérémonies, et les moyens déployés par la ville et la Métropole pour les accueillir ont été perçus avec reconnaissance et émotion (pavoisement, projections sur la Tour Perret, expositions dans le centre-ville, animation et village thématique).
Le 1er juillet 2016 commémorait le centenaire de la bataille de la Somme. Au-delà de la cérémonie officielle qui se tenait à Thiepval, Amiens et les communes de la Métropole ont accompagné ce moment par de nombreuses actions autour du spectacle vivant, expositions et concerts.
Le 11 novembre 2018 – commémoration internationale mais aussi principale commémoration française en hommage aux victimes de la Grande Guerre – a été particulièrement suivi par les habitants de la Métropole. Des efforts supplémentaires ont été réalisés avec les partenaires pour toucher et sensibiliser un public scolaire. Cette commémoration représentait également la clôture du cycle du Centenaire et plusieurs événements d’envergure ont été réalisés, notamment un grand concert le 10 novembre, à la cathédrale Notre-Dame d’Amiens et l’inauguration du nouveau parvis du monument aux morts, place Foch, dans le cadre des travaux liés au bus à haut niveau de service (BHNS).
Plusieurs événements exceptionnels ont également été réalisés par Amiens Métropole ou par nos partenaires, animant la ville, destinés aux Amiénois comme aux visiteurs venus du monde entier. Citons les éditions 2016 et 2018 de « United Pipers For Peace », rassemblement international de formations « Pipes and Drums » en juillet et ses 20 000 participants, le « Zic Zazou Brass Band Pacific Army », rassemblement international de fanfares et brass bands autour des musiciens de Zic Zazou, toujours en juillet avec 15 000 spectateurs, la soirée « An Zukunft, Aux lendemains », le 10 novembre 2018, concert exceptionnel, gratuit, dans la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, qui a réuni plus de 900 personnes. En guise de conclusion de la soirée, les cloches de la cathédrale et de plusieurs églises retentirent à minuit, marquant le passage à la journée du 11 novembre 2018.
Les expositions urbaines permanentes, telles « Parmi Nous » et « Regards sur la Grande Guerre » ont permis de parler de cette période de façon originale. Les expositions temporaires, comme « Dessiner la Paix » et « 1914-1918, l’invention du camouflage moderne ». Les projets participatifs, parmi lesquels « Champs de Paix » avec l’artiste Béatrice Saurel (champ de coquelicots et de bleuets réalisé à partir de fripes de récupération) et « Koklyko » avec l’artiste Jérôme Toq’R au parc de l’évêché (projet écocitoyen, participatif et artistique avec des « koklykos » réalisés à partir de bouteilles d’eau en plastique).
Les partenariats : auparavant partiellement absents des réseaux liés au tourisme de mémoire, Amiens et Amiens Métropole ont pu nouer, en un peu plus de trois années, des partenariats inédits. Dans les réseaux locaux, départementaux et à l’échelle de la région notamment, puis la Mission Centenaire et enfin, des partenariats internationaux importants. Amiens, un autre regard sur la Grande Guerre, a permis de monter des actions communes en étroite collaboration avec l’Australie, le Royaume-Uni ou encore l’Autriche. Les moments marquants furent la réception à l’Hôtel de Ville du Gouverneur général du Commonwealth d’Australie, Sir Peter Cosgrove, en avril 2016 et bien sûr, les commémorations internationales du 8 août 2018 célébrant la Bataille d’Amiens.
Le projet « Amiens, un autre regard sur la Grande Guerre » semble avoir atteint ses principaux objectifs. En premier lieu, révéler Amiens comme porte d’entrée du tourisme de mémoire dans la Somme, communiquant avec les lieux de mémoire et équipements dédiés à cette thématique. C’était également l’occasion de parler aux habitants de la Métropole, comme aux visiteurs internationaux, en abordant cette thématique, non pas par le prisme des combats et des batailles qui se sont déroulés sur notre territoire, mais en racontant une ville et des villages d’arrière-front dans la Grande Guerre, sous un angle original mêlant les disciplines et esthétique.
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Historiquement, le 11 novembre 1918 restera un jour de joie pour beaucoup de nos concitoyens d’alors, mais une joie altérée par les millions de victimes décédées, blessées ou infirmes et ce, en n’oubliant jamais que cette guerre fut aussi un drame pour l’Europe qui allait difficilement s’en relever et que la Seconde Guerre mondiale allait à nouveau meurtrir. Il n’est, en effet, jamais inutile de rappeler que si le 11 novembre 1918 a été un jour de Victoire pour la France et ses Alliés, le conflit qui se terminait avait été une défaite pour toute l’Europe. Aujourd’hui, il y a toujours des champs de bataille. Et il y aura toujours des scènes de guerre tant que des hommes voudront en opprimer d’autres. La paix est précieuse, cultivons-la ! Dans un an, Amiens se parera des couleurs de capitale européenne de la jeunesse tandis que la cathédrale Notre-Dame célébrera le huitième centenaire de la pose de sa première pierre. Soyons plus encore à cette occasion des artisans de Paix ! ♦