La dissuasion française a pour mission de protéger les intérêts vitaux nationaux. Or, ceux-ci sont étroitement liés à notre environnement proche, l’Europe. De fait, il y a une forme de solidarité nucléaire qui pourrait évoluer à l’avenir. Le débat reste ouvert et la France devra être à l’écoute de ses partenaires européens.
La dissuasion partagée ?
Shared Deterrence?
The aim of the French deterrent force is to protect vital national interests. The latter are closely linked to our close environment, in other words, Europe. There is therefore the possibility that some form of nuclear solidarity could develop in the future. It is an open question and France will have to be attentive to its European partners on the matter.
« Partager » la dissuasion ? L’idée revient régulièrement dans les débats depuis la création de l’Union européenne en 1992. Il est utile de clarifier cette question et de distinguer l’imaginable de l’irréaliste. Il n’est pas inopportun de le faire aujourd’hui au vu des incertitudes de plus en plus grandes sur l’avenir de la protection nucléaire américaine, de la sortie annoncée du Royaume-Uni de l’Union, des efforts consentis en faveur du renforcement de l’Europe de la défense et des débats sur la notion « d’autonomie stratégique européenne ». Il importe en particulier de clarifier la notion de « partage ». De quoi parle-t-on exactement ? De la décision d’emploi ? Du budget nucléaire ? Des moyens de la dissuasion ? Du risque et des responsabilités afférents ? Le champ des possibles ne peut être défini qu’à partir de telles distinctions.
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Le programme nucléaire français n’a jamais été conçu comme strictement national. Aux origines, dans les années 1952-1954, il était même résolument inscrit dans une perspective atlantiste : il s’agissait d’accroître le statut de la France au sein de l’Otan. Quant à la dimension européenne, elle fut évoquée dès les origines, avec le projet dit « FIG » (France, Italy, Germany) de 1957-1958 (1).
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