La défense européenne a connu quelques avancées, mais de nombreux obstacles demeurent structurellement. Cependant, plusieurs scénarios semblent se dégager pour des évolutions rendues nécessaires par l’environnement stratégique qui nécessiteront une réelle volonté politique et une prise de conscience des menaces actuelles.
PSDC : le jeu des scénarios autour de la défense européenne
CSDP: the Set of Scenarios on European Defence
European defence has seen some movement although numerous structural obstacles continue to pose problems. That said, several scenarios seem to be emerging to cater for the developments needed in the changed strategic environment. To be put into effect, this requires significant political will and recognition of current threats to succeed.
Chacun est bien conscient que la Politique de sécurité et de défense commune de l’UE (PSDC) est bien la thématique la plus incertaine et la plus complexe qui soit et que l’environnement international est particulièrement mouvant en ce moment. De la même manière, fixer des scénarios et jouer dans la prospective reste un exercice périlleux, d’autant que, malgré une hiérarchisation des hypothèses, cela reste aléatoire car elle ne prend pas en compte les scénarios intermédiaires et les influences des postures sur d’autres. Et si un seul scénario devait se détacher, il le serait en prenant divers éléments chez les autres, tant sont grandes les interactions et les postures transversales.
En outre, plusieurs variables viennent s’ajouter, complexifiant les lectures. De toute évidence, c’est l’environnement international, les contraintes budgétaires toujours à l’affût et les défis de la sécurité intérieure qui donneront en grande partie le tempo ; tout comme le degré de volontarisme politique des États à travailler de concert ; le positionnement mouvant du curseur transatlantique au vu du caractère perçu comme mouvant de la Maison-Blanche. Nous n’oublierons pas l’inertie naturelle des États-membres, l’existence de logiques corporatistes propres aux bureaucraties nationales et parfois l’apparition de querelles interinstitutionnelles le plus souvent autobloquantes. Relevons également que dans les débats de décembre 2018 au sein du Parlement européen autour du Fonds européen de défense – qui pourrait être pris en otage au vu des élections de mai prochain – nous pouvions constater l’existence d’un hémicycle partagé entre européistes, atlantistes, nationalistes et pacifistes !
Fenêtre de tir ou opportunité à saisir
Reste que nous sommes face à une seconde fenêtre d’opportunité en matière de PSDC. La première est bien connue : ouverture sous condition des États européens dits neutres à une intégration des problèmes de sécurité-défense dans l’UE à la condition qu’elle ne soit pas une alliance militaire ; prise de conscience des faiblesses européennes après la gifle du conflit en ex-Yougoslavie ; implication allemande aux missions militaires offensives ; lâchage des Britanniques à propos de l’Union de l’Europe occidentale auparavant imaginée par eux comme future quatrième pilier au sein de l’UE et enfin, prise de conscience française de participer plus collectivement à la défense de l’UE au vu de l’abandon concomitante d’un pilier européen au sein de l’Alliance avec le concept d’Identité européenne de sécurité et de défense (IESD). Le résultat aboutit à la Déclaration franco-britannique de Saint-Malo fin 2008 et le lancement de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) (1) avec le Sommet de Cologne de juin 2009, il y a près de dix ans.
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