L’Europe a compris que sa défense nécessite un effort accru, en se dotant de mécanismes plus efficaces pour pouvoir répondre aux nouveaux enjeux. Les outils existent mais nécessitent d’être mieux employés et utilisés. Des barrières sont tombées mais il reste des efforts à faire en définissant un niveau d’ambition.
Enfin l’Europe s’intéresse à sa défense : un vrai réveil
At Last, Europe Considers its Defence: an Alarm Call
Europe has realised that its defence needs greater effort to be expended in providing itself with more effective mechanisms to respond to new challenges. The tools exist already but more needs to be made of them and they should be better deployed. Barriers have come down but there remains much to do in defining the level of defence to be sought.
Tout le monde a en tête les difficultés et les crises périodiques rencontrées par la construction européenne depuis son lancement, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, par des visionnaires enthousiastes et soucieux d’établir une nouvelle solidarité entre les peuples européens, gage d’une paix solide
et durable. Si l’Europe économique est devenue une réalité, même imparfaite – il y aurait beaucoup à dire, mais ce n’est pas l’objet de cet article – l’Europe de la défense a vécu plusieurs échecs. Pourtant, au-delà même de son grand succès que constitue le maintien de la paix entre les peuples européens depuis plus de soixante-dix ans sur un continent ravagé par deux guerres mondiales dans la première moitié du XXe siècle, sans parler des nombreux conflits survenus au cours des siècles précédents, la construction européenne, au demeurant largement reconnue comme un succès dans le monde entier, connaît depuis une vingtaine d’années, avec une accélération depuis mi-2016, des avancées importantes dans le domaine de la défense et de la sécurité.
Quarante ans d’immobilisme pour la défense européenne… mais la paix préservée
Après la signature du traité de défense collective de Bruxelles, le 17 mars 1948, par cinq États européens (Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni), puis du traité de Washington le 4 avril 1949 pour faire face à la menace soviétique, la France propose en octobre 1950 aux États signataires du traité de Bruxelles et à l’Allemagne un traité instituant une Communauté européenne de défense (CED). Mais ce traité signé en mai 1952, symbole de la réconciliation entre les Européens, n’est pas ratifié par l’Assemblée nationale française. De cet échec de la CED naît l’Union de l’Europe occidentale (UEO), qui restera longtemps la seule organisation exclusivement européenne compétente en matière de défense, mais sans aucune capacité opérationnelle. Pendant que l’Europe continue à se construire au plan économique, contribuant ainsi à la construction de liens de solidarité de plus en plus forts entre ses partenaires et donc à la paix sur le continent, elle vivra au niveau de la défense une quasi-parenthèse de plus de quarante ans. Pendant toute la période de la guerre froide, qui prend fin en 1991 avec la chute de l’Union soviétique, les Européens considèrent dans leur grande majorité que leur défense vis-à-vis des menaces extérieures est d’abord le rôle de l’Otan ; l’UE ne s’y intéresse donc pas.
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