La France, puissance spatiale reconnue, doit accroître ses efforts en proposant une approche innovante. Cela passe par une remise en question du modèle actuel. Cela exige aussi une réponse européenne plus dynamique et considérer ainsi l’espace comme un milieu de conflictualité possible.
Le sursaut de la France dans le domaine spatial de défense (2/2)
France’s Jump in the Domain of Space Defence(2/2)
France is recognised as a space power, yet needs to increase its efforts by proposing an innovative approach. This means not only calling into question the current model but also seeking a more dynamic response from Europe, which should consider space as a zone of potential conflict.
Force est de constater que la revue stratégique spatiale demandée par le président de la République a été appuyée ces derniers mois par des discours volontaires et des annonces ambitieuses. Pour autant, les axes d’effort et les voies d’évolutions ne manquent pas. Cette revue stratégique traite d’une échéance à 2030-2040. Or, les progrès technologiques, la réactualisation de la donne géopolitique et le retard subi depuis des années doivent nous rendre exigeants envers nous-même et nous contraindre à penser à plus long terme, tout en renforçant le maillage de notre réflexion stratégique au sein des plus hautes entités de l’État.
L’intégration de l’espace au niveau stratégique doit faire partie des réflexions portant aujourd’hui sur le multidomaine. L’espace n’est pas qu’un multiplicateur de puissance, il est un enabler. Il rend de nouvelles choses possibles et pourrait par exemple peser sur des domaines d’importance vitale : en affaiblissant ou en rendant moins efficace la dissuasion nucléaire de certains États, en leur permettant de créer leur propre force de dissuasion spatiale. Il nous revient maintenant d’envisager les prochaines échéances pour ne pas continuer sur la voie du rattrapage mais plutôt s’inscrire dans une forme d’anticipation. L’espace sera également fondamental dans la conception des systèmes de systèmes que sont les grands programmes actuels et futurs, comme Scorpion et le système de combat aérien du futur (Scaf).
Les médias ont très largement réagi et diffusé l’annonce par Donald Trump de la volonté américaine de créer une armée de l’espace. Au-delà de la déclaration essentiellement politique du président des États-Unis quant à la création d’une Space Force, notre nation ne peut s’inscrire dans une logique de moyens qui n’a rien de comparable avec les budgets et les capacités américaines. Il y a donc une phase de transition qu’il nous faut déjà réussir avant de pouvoir envisager un projet plus ambitieux. Pour ce faire, la fonction spatiale doit avant tout être intégrée à tous les échelons de l’État et pas seulement au sein du ministère des Armées. Les diplomates du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) doivent jouer pleinement leur rôle dans les actions juridiques qui ne manqueront pas de survenir pour réguler l’utilisation de l’espace. À l’instar de ce qui a été fait pour le cyberespace, on pourrait imaginer que le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale se dote d’une agence nationale pour l’espace, coordonnatrice étatique de la stratégie spatiale française, puisqu’il s’agit là d’une question d’importance vitale. Le Centre national d’études spatiales (Cnes) a un rôle évident à jouer, qui doit être mieux coordonné avec la Défense et le monde politique. Quant aux Armées, elles doivent prendre en main leur destin spatial et être plus présentes dans tous les segments qui traitent potentiellement des opérations militaires spatiales.
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