La relation entre les États-Unis et les pays européens est complexe, ces derniers ayant besoin de la protection de Washington. Cependant, celle-ci n’est plus évidente dans la mesure où les Américains sont devenus dubitatifs à l’égard de l’Europe, Donald Trump manifestant peu d’intérêt pour l’Otan et méprisant l’UE.
Le rôle des États-Unis dans la défense européenne et l’esprit européen
The Role of the United States in European Defence and the European Spirit
Relations between the United States and European countries are complex. The latter need Washington’s protection and yet with Donald Trump showing little interest in NATO and being highly critical of the EU, that protection is no longer certain insofar as the Americans harbour greater doubts about Europe.
Les spécialistes de géopolitique, qui s’intéressent à l’Europe, sont confrontés à un casse-tête. Pourquoi un continent riche et capable de se défendre, qui compte en outre 500 millions d’individus, dépend, pour sa sécurité, d’une puissance lointaine qui n’en compte que 300 millions ? Le rôle assumé par les États-Unis dans la défense de l’Europe est devenu si naturel, que souvent nous ne remarquons pas combien il est historiquement anormal. Alors que l’Europe est confrontée à la question de son autonomie stratégique, le rôle des États-Unis en Europe dépasse l’enjeu que représente le nombre des troupes américaines en territoire européen. La garantie de sécurité américaine joue un rôle central dans la défense, la politique et même la conscience des sociétés européennes. Soixante-dix ans après, l’alliance avec les États-Unis est bien plus qu’une politique étrangère : elle est devenue une idéologie et même un mode de vie dans de nombreux pays européens.
Afin de mesurer pleinement cette dépendance, nous devons revenir en arrière pour nous interroger sur le Sommet de l’Otan de mai 2017. Donald Trump n’avait pas hésité à faire sa promotion personnelle, il en est coutumier. Donc, personne ne s’est étonné quand il a écarté Dusko Marcovic, le Premier ministre du petit Monténégro, afin de se placer en premier rang de la photo officielle. Ce qui était, peut-être, plus significatif, fut que Marcovic profita de l’attention suscitée par ce comportement pour remercier personnellement le président Trump de son soutien à l’entrée du Monténégro dans l’Otan, insistant sur le fait qu’il est naturel que le Président des États-Unis occupe le premier rang.
Cette attitude déplacée de Trump à l’égard de Marcovic et la réaction de ce dernier constituent un exemple particulièrement cru, qui, néanmoins, résume la nature de la relation transatlantique. L’un pousse et l’autre affirme que, depuis le début, il souhaitait être bousculé. Pour ceux qui étudient les relations transatlantiques, ce paradoxe n’est pas difficile à expliquer, bien qu’il semble désagréable de le mentionner. Les nations européennes comptent sur les États-Unis pour leur sécurité, alors que les États-Unis ne comptent pas sur l’Europe.
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