L’IA innerve désormais le champ de bataille, avec de nombreuses interrogations et questions sur les avantages et inconvénients. Certes, l’IA est un véritable défi exigeant une approche antique et éthique mais elle contribue à réduire les incertitudes et donc à lever les doutes imposés par le brouillard de la guerre.
L’intelligence artificielle va-t-elle dissiper le brouillard de la guerre ?
Will Artificial Intelligence Disperse the Fog of War?
AI is now innervating the battlefield with numerous analyses and questions on its advantages and disadvantages. AI certainly poses a challenge requiring a classical, ethical approach, yet it contributes to reducing uncertainty and therefore to lifting the doubt that arises from the fog of war.
Nous nous trouvons dans un amphithéâtre dont la toile de fond ne peut que nous interpeller, alors que nous nous demandons si le recours à l’intelligence artificielle (IA) peut contribuer à rendre le champ de bataille plus transparent. Voilà en effet ce qui nous distingue, nous Européens : ce sentiment de culpabilité, cette suspicion à l’égard des notions de progrès technique et de consommation, héritage de notre tradition judéo-chrétienne. De fait, l’IA peine à s’imposer et au nom d’une morale devenue principe de précaution, des voix s’élèvent jusqu’au Parlement européen pour dénoncer les velléités européennes à rechercher « l’arme autonome ». L’Union européenne exige une IA morale, éthique. Cette exigence la caractérise – alors que d’autres puissances mondiales s’affranchissent sans état d’âme de ces questionnements – mais appelons-la positivement, la conscience européenne.
Une fois cette conscience érigée en principe et traduite en lois, quel usage faire de l’IA alors que d’autres civilisations, comme la Chine et les États-Unis, portent de véritables ambitions dans ce domaine ?
Prenons l’exemple des militaires, dont les besoins ont été profondément modifiés par la transformation des conflits modernes. L’un des obstacles à la victoire des armées est le fameux « brouillard de guerre », du terme inventé par le général prussien Carl von Clausewitz pour décrire l’absence ou le flou des informations pour des participants à des opérations militaires. Ce brouillard évoque tantôt l’incertitude des protagonistes quant à leurs propres capacités, tantôt leur manque de visibilité quant aux capacités des adversaires, à la position des forces ou à leurs objectifs.
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