Dès l’automne 1940, François de Menthon publie le journal clandestin Liberté poussant à la Résistance contre l’occupant nazi. Procureur au procès de Nuremberg, ce Savoyard a été un des artisans du programme politique du CNR. Sa mémoire a été hélas oubliée et mériterait d’être rappelée car il fut un vrai combattant de la liberté.
François de Menthon, le grand oublié de la Résistance
François de Menthon, a Great Forgotten Figure of the Resistance
From the autumn of 1940, François de Menthon published the secret newspaper Liberté that encouraged resistance to the Nazi occupiers. This man of Savoy origin was one of the designers of the political programme of the Council for national resistance and later became a prosecutor at the Nuremberg trials. He has alas been largely forgotten and yet merits remembrance as a genuine fighter for freedom.
Le 25 novembre 1940, est publié en Haute-Savoie l’un des tout premiers journaux clandestins de ce que l’on n’appelle pas encore « la Résistance ». Dans l’éditorial du n° 1 de ce journal intitulé Liberté, diffusé sous le manteau, on peut lire, comme en écho à l’appel du général de Gaulle, quelques mois auparavant : « Rien n’est perdu ; la guerre peut encore être gagnée. Nous refusons de nous avouer vaincus. » Comme en écho aussi à l’allocution radiophonique concomitante du maréchal Pétain, déclarant faire « don de sa personne à la France », l’auteur écrit par ailleurs : « Nous ne sommes au service de personne ; faisant le sacrifice de notre vie aujourd’hui, comme hier au combat, nous continuons simplement à nous battre pour la France. »
À plus de cinq ans de là, après qu’ait été anéantie l’hydre nazie, est venu le temps, à Nuremberg, pour la première fois dans l’histoire, de juger les responsables politiques et militaires d’une régression de civilisation sans précédent. Devant le Tribunal international institué pour cela, le 17 janvier 1946, le représentant de la France, qui a retrouvé sa place au rang des puissances du monde libre, énonce alors la définition d’un concept nouveau, celui de « crime contre l’humanité » : « crime contre le statut d’être humain motivé par une idéologie qui est un crime contre l’esprit visant à rejeter l’humanité dans la barbarie ».
Il est ainsi revenu au même homme, à la fois de manifester d’emblée, en 1940, dans une France écrasée sous le poids de la défaite, une résolution et une confiance sans faille quant à la victoire sur la barbarie et, une fois celle-ci terrassée, d’en tirer les leçons. Car le créateur du journal Liberté et le procureur français à Nüremberg sont bien un seul et même homme : François de Menthon. Or, qui, aujourd’hui, connaît ce nom ?
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