L’Égypte du président Sissi retrouve peu à peu une place centrale dans l’échiquier régional avec une volonté de dialogue – souvent discret – envers la plupart des États voisins. La lutte contre le terrorisme islamiste y est relativement efficace, sachant que le redressement économique est l’autre grand défi du régime.
L’Égypte de Sissi : recul ou reconquête régionale ?
Sissi’s Egypt: Retreat or Regional Recovery?
Under President Sissi, Egypt is gradually recovering a central position on the regional map with its willingness for dialogue, often discreet though it be, with the majority of its neighbours. The fight against Islamic terrorism is fairly effective in the country, but economic recovery is the other major challenge for the regime.
Dès son coup de force de juillet 2013 et après sa première élection à la présidence en mai 2014 (1), une des principales priorités du président Abdel Fattah al-Sissi fut de redonner à son pays sa place sur l’échiquier régional. Pour appréhender la diplomatie initiée par le Président égyptien, il faut rappeler que l’ancien maréchal a fait de la lutte contre l’islam politique et son corollaire, le terrorisme jihadiste (répression implacable des Frères musulmans égyptiens) (2), la pierre angulaire de sa politique étrangère.
Il ne faut pas perdre de vue non plus que le président Sissi, formé au Royaume-Uni et aux États-Unis, fut longtemps le patron des renseignements militaires égyptiens. Au début de sa carrière, il fut aussi attaché militaire à l’ambassade d’Égypte en Arabie saoudite, affûtant sa connaissance des arcanes des relations régionales et internationales.
Pragmatique, le président Sissi a très vite compris que pour garder des marges de manœuvres et une certaine indépendance géostratégique, il lui fallait diversifier les soutiens financiers mais également militaires et stratégiques de l’Égypte. Dès sa prise de pouvoir, Israël et la Russie furent les premiers pays à le reconnaître et à le soutenir, à l’inverse des chancelleries occidentales beaucoup plus prudentes. Depuis la reprise en main du pays par l’armée, l’ancien ministre de la Défense, conscient de la nécessité d’un étroit partenariat avec Israël, a renforcé les relations avec l’État hébreu à un niveau sans précédent (3). Aujourd’hui, dans le Sinaï, les militaires égyptiens et israéliens travaillent de concert pour combattre la Wilayat Sinaï, la branche égyptienne de Daech (4).
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