La Russie a retrouvé une place très active en Méditerranée combinant hard power sur le plan militaire et soft power avec une présence accrue, en particulier à Chypre. Moscou peut accroître son influence en utilisant des relais efficaces, y compris avec la Turquie et en s’inscrivant dans la durée, notamment pour les bases militaires en Syrie.
La stratégie de la Russie en Méditerranée
Russian Strategy in the Mediterranean
Russia has re-established a highly active position in the Mediterranean that combines military hard power with the soft power that comes from increased presence, in Cyprus in particular. Moscow could increase its influence through adoption of effective stances, including with Turkey, and through long-term presence—in military bases in Syria in particular.
Depuis le printemps 2014, force est de constater que l’espace maritime situé entre la mer d’Azov à l’Est et le détroit de Gibraltar à l’Ouest, a été le théâtre d’une succession de surprises stratégiques à l’initiative de la Russie. Les basculements géostratégiques qui en ont découlé ont durablement transformé la perception générale de la Méditerranée qui prévalait depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 : celle d’une mer fermée sous le contrôle des puissances occidentales. À la suite de l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie en mars 2014, puis de l’intervention militaire russe en Syrie à compter de septembre 2015 et enfin, plus récemment, des tentatives russes de contrôle de la mer d’Azov, la Russie est devenue en quelques années une puissance riveraine de la Méditerranée.
Dans ce nouveau contexte géostratégique, il paraît urgent de s’interroger sur le véritable objectif stratégique poursuivi par la Russie en Méditerranée et d’identifier les objectifs opérationnels et les lignes d’action qu’elle s’est fixés pour parvenir à cet état final. La stratégie de la puissance russe en Méditerranée semble illustrer le choix d’une double approche conceptuelle : à l’exercice de la force militaire, le hard power (jiostkaïa sila), se sont ajoutés les instruments d’un soft power (miagkaïa sila) (1), qui favorisent désormais par des moyens autres que militaires, l’expansion de son influence dans l’ensemble du bassin méditerranéen.
L’exercice du hard power russe en Méditerranée : une vitrine de la remontée en puissance de la Russie à l’échelle globale
Par son engagement militaire en Syrie pour soutenir le régime de Bachar el-Assad, la Russie est parvenue à s’imposer comme acteur militaire majeur sur ce théâtre d’opérations. Dès le mois d’août 2017, les autorités russes déclaraient avoir permis au régime syrien de quadrupler la superficie des territoires sous son contrôle (2). Un an plus tard, le ministère de la Défense russe se targuait d’avoir éliminé 86 000 « militants anti-Assad » et 830 chefs de groupes djihadistes en Syrie (3). En dépit d’un bilan humain extrêmement lourd, la Russie a tiré les leçons de son expérience opérationnelle syrienne. Elle entend désormais maintenir coûte que coûte sa présence en Syrie, ce qui devrait lui permettre d’étendre son influence dans l’ensemble de la région.
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