L’Italie est par nature une puissance méditerranéenne avec la volonté d’y jouer un rôle central, quitte à être en rivalité avec d’autres partenaires comme la France. La marine italienne constitue de ce fait un atout essentiel même si la lutte contre les migrants semble avoir pris le pas sur le reste, au risque d’un certain isolement.
L’Italie en Méditerranée : projection et défense vis-à-vis de la rive Sud
Italy and the Mediterranean: Projection and Defence Regarding the Southern Shore
Italy is by nature a Mediterranean power with a will to play a central role in the area, to the extent of risking rivalry with partners such as France. Because of this, the Italian Navy is an essential asset even if the battle against migrants seems to have eclipsed other matters, in doing so risking a degree of isolation.
En 1996, Carlo Maria Santoro, professeur de relations internationales à l’Université de Milan, publiait l’ouvrage Rischio da Sud. Geopolitica delle crisi nel bacino mediterraneo (Franco Angeli, 307 p.). Le titre de ce livre offre un résumé de concepts fondamentaux pour l’Italie : la « Méditerranée » est synonyme de rive Sud et représente un contexte externe, souvent menaçant. Nous retrouvons cette perception dans les trois axes classiques de la politique étrangère italienne : l’Europe, l’Alliance atlantique et la Méditerranée. Les deux premiers représentent les ensembles d’appartenance et d’inclusion pour l’Italie alors que le dernier constitue l’univers de projection, l’ensemble géographique souvent défini de façon extensive (1) vers lequel l’Italie utilise des instruments de puissance comme la force militaire ou bien la politique commerciale.
Ainsi, il faut souligner la différence fondamentale avec la France d’une Italie qui ne se conçoit pas comme « méditerranéenne » et répond de façon polie mais assez passive aux sollicitations récurrentes de Paris qui, depuis les années 1990, a multiplié les initiatives d’intégration en faisant fi de la profonde division entre la rive Nord et la rive Sud ; une fracture très présente pour une Italie qui se conçoit comme l’avant-poste européen et occidental face à l’instabilité du Sud. Bien sûr, il ne faut pas écarter les effets d’aubaine qui voient une Italie participer aux initiatives « méditerranéennes » pour chercher à capitaliser sur sa position politique ou bien à capter des flux financiers, en particulier dans le cadre européen. Mais cela ne change pas la position de fond qui est celle d’une Méditerranée italienne conçue comme lieu de projection extérieure, une vision qui est renforcée par la fréquence de la référence antique au mare nostrum romain, lieu de domination et de puissance.
Cette projection passe essentiellement par deux dimensions : la dimension économico-commerciale et celle sécuritaire.
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