Edito
Éditorial
Les tensions dans le golfe Arabo-Persique montrent l’extrême fragilité de l’environnement géopolitique. La dérégulation des relations internationales au profit d’un bilatéralisme s’appuyant sur le rapport de forces ne peut qu’inquiéter quant à l’avenir. La France, de par son histoire et sa géographie, est de fait un acteur majeur, même si la propension au déclinisme voudrait faire passer notre pays pour une relique du passé, incapable d’enrayer sa perte d’influence. Et pourtant, la France dispose d’atouts exceptionnels dont ses Outre-mer. Certes, cette situation résulte de notre histoire avec ses réussites et ses ombres. Mais aujourd’hui, ces Outre-mer répartis sur tous les océans constituent une force et un lien communs, en particulier pour nos compatriotes ultramarins. Avec la deuxième zone économique exclusive de la planète, nombreux sont ceux qui en convoitent les ressources, y compris et surtout de manière illégale. Dès lors, il importe de protéger notre souveraineté et ainsi de contribuer à un développement maîtrisé de ces territoires, respectueux d’un environnement qui pourrait être mis à mal. Ces points d’appui sont autant d’interfaces stratégiques qui nous permettent d’agir et de pouvoir ainsi peser sur les transformations en cours, en particulier dans l’immensité de la zone Indo-Pacifique où la montée en puissance de la Chine ne doit pas laisser indifférent. D’où l’importance de l’outil maritime, indispensable, pour contrôler ces espaces. Or, il faut bien admettre qu’il y a eu érosion réelle de nos capacités et de véritables lacunes capacitaires qui commencent enfin à être résorbées. Là encore, il importe de raisonner dans la durée alors même que les besoins propres de nos Outre-mer ne cessent de s’accroître. C’est par exemple le cas de la Guyane où l’orpaillage clandestin pose de nombreux défis sécuritaires, économiques et environnementaux portant atteinte au plus grand département français et à ses habitants.
Cet automne débutant est aussi celui de la nouvelle Commission européenne, suite aux élections de ce printemps. Trop longtemps, l’Union européenne s’est voulue un soft power, protégé par le parapluie américain et l’Otan. Le ton a changé face aux incertitudes stratégiques actuelles. La prise de conscience du besoin d’une Europe plus forte commence enfin à se diffuser. Là encore, la France a montré l’exemple, avec de nombreuses initiatives, soutenues et relayées par ses partenaires. Pourtant, certains dossiers structurants pour l’avenir semblent se heurter à de nouveaux obstacles. Il serait regrettable que des logiques comptables l’emportent sur une véritable analyse stratégique. Il y a certes des enjeux industriels légitimes, mais il y a d’abord des enjeux opérationnels majeurs qui doivent être prioritaires.
Nos armées, soutenues par nos directions et services, le démontrent au quotidien, y compris au prix du sang. Il faut souhaiter que cette approche soit celle qui sera retenue. L’histoire a hélas démontré que le manque de courage et l’absence d’ambitions amenaient à la défaite. Les leçons de 1939 restent aujourd’hui encore valables. Faisons en sorte que celles-ci contribuent à encore mieux préparer l’avenir et à affronter en face les défis de demain. ♦