La France entre en guerre en septembre 1939 contre son gré. Malgré les déclarations lénifiantes du haut commandement, les lacunes sont nombreuses et touchent tous les domaines : équipements obsolètes, doctrines inadaptées, chaînes de commandement défaillantes. Les responsabilités incombent aux autorités politiques et militaires incapables d’agir collectivement, sans oublier les erreurs majeures de Gamelin.
La France en guerre en 1939
France at War in 1939
France went to war in September 1939 against its will. Despite the optimistic declarations of the high command, there were many shortcomings in all areas: obsolete equipment, inappropriate doctrine and failing chains of command. Responsibility lay with political and military authorities unable to work together, added to which Gamelin’s major errors should not be forgotten.
Le 14 juillet 1939, avec des trémolos dans la voix, le speaker qui présentait le défilé du Quatorze Juillet aux « Actualités cinématographiques » parlait de « la première armée du monde » en commentant le passage des différentes unités sur les Champs-Élysées. Quelle illusion !
Le France est entrée en guerre en 1939 dans les pires conditions qui soient : incohérence entre la politique étrangère et la stratégie générale. Le même degré d’incohérence régnait entre la doctrine d’emploi affichée des forces et leur équipement, notamment concernant l’Armée de terre et l’Armée de l’air, moins pour la Marine, mais cette dernière n’était pas armée pour le type de guerre navale qui serait le sien ; et enfin, l’incohérence, pour ne pas dire le désordre, régnait au niveau de l’organisation du commandement au plus haut niveau. Cela n’a pas empêché le général Gamelin de déclarer le 26 août 1939 à Édouard Daladier, qui lui posait la question : « l’armée française est prête ? ». En ce sens, le généralissime porte devant l’Histoire une responsabilité écrasante dans le désastre de 1940, même si cette responsabilité est partagée avec d’autres, mais c’est lui qui était le chef militaire responsable.
Au niveau stratégique, l’incohérence se situe à un double niveau : en premier lieu, dès le début des années 1920, par l’Instruction sur l’emploi des Grandes unités de 1921 (IGU 21) ; la doctrine d’emploi de l’armée française était ouvertement défensive, tandis que sa politique étrangère reposait sur un système d’alliances avec les nouveaux États du centre et de l’Est de l’Europe, issus des traités de 1919 et 1920, la Petite Entente, destinée autant à prendre l’Allemagne de revers qu’à contenir l’Union soviétique par un glacis de Nations hostiles, soit une diplomatie offensive et une stratégie défensive ! Ce vice de fond s’est trouvé accentué par deux décisions politiques contradictoires au plan stratégique.
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