L’Alat n’a cessé d’évoluer et développe aujourd’hui l’aérocombat, permettant d’employer toutes les potentialités des hélicoptères de nouvelle génération (Tigre et NH90). L’aérocombat nécessite une organisation adaptée, de l’audace et de la confiance, en apportant une capacité essentielle à l’Armée de terre.
L’aérocombat, une opportunité tactique aux effets stratégiques décisifs
Air Combat—a Tactical Opportunity With Decisive Strategic Effects
The ALAT continues to evolve and is currently developing air combat in order to gain the maximum potential from new-generation helicopters such as Tigre and NH90. Air combat requires appropriate organisation, daring and confidence in bringing this essential capability to the land forces.
Les guerres constituent bien souvent le reflet des sociétés qui les conduisent. Chacune développe tout naturellement ce qu’elle possède de meilleur pour dominer son ennemi. La France rurale du XIXe siècle s’est imposée sur les champs de bataille avec les tactiques napoléoniennes qui ont exploité dans l’art de la guerre le déversement d’hommes que la Révolution avait su produire pour les armées. Au même moment, l’Angleterre régnait sur les mers, enrôlant pour la guerre les marins hors du commun qui avaient fait d’elle une puissance commerciale maritime si redoutable. Le XXe siècle vit l’avènement des guerres industrielles, créant un lien logique entre la capacité d’acier produite et les tactiques militaires, faisant par exemple du nombre de pièces de canons déployées au kilomètre ou des tonnes d’acier délivrées au mètre carré des données stratégiques. Aujourd’hui, les sociétés occidentales espèrent sortir de ces anciens schémas en développant pour la guerre ce qui constitue leur supériorité, notamment dans le domaine de l’aéronautique ou du traitement des données. Il existe donc un lien réel entre les sociétés, les capacités industrielles, les tactiques et la façon dont on aimerait faire la guerre.
L’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) constitue un exemple de cette évolution. Elle trouve son origine à la fin de la Seconde Guerre mondiale lorsque l’armée française fut recréée sur le modèle américain qui incluait des avions légers dans les divisions pour régler les tirs d’artillerie. On oublie bien trop souvent l’importance de ces yeux qui voient de haut l’ensemble du champ de bataille, disposant de postes de radio efficaces pour envoyer ces précieuses informations qui conditionnent l’efficacité de l’artillerie. La guerre d’Algérie apporte une nouvelle rupture à cette aviation légère avec l’utilisation des hélicoptères dans des missions de bouclage et d’assaut. Le mouvement, le commandement, les liaisons constituent alors des domaines d’action dans lesquels l’éventail des missions de l’Alat se précise. L’aéromobilité s’impose progressivement comme une composante essentielle de la manœuvre, dotant les forces transportées de la capacité de s’affranchir des obstacles, d’être imprévisibles tout en ayant une certaine réversibilité. S’il est facile de déployer des troupes au sol, il est tout aussi facile de les extraire et de les réutiliser ailleurs. Cette aptitude réduit une fragilité des unités parachutistes, capables de surprendre l’ennemi par un saut opérationnel, de s’imposer temporairement, avant dans bien des cas, de connaître le calvaire du désengagement. La guerre d’Indochine nous fournit un grand nombre d’exemples où de chasseurs en début d’action, ces unités sont rapidement devenues le gibier.
La guerre froide apporta à l’Alat des percées techniques qui eurent de très grandes conséquences tactiques. D’abord, l’installation sur les Gazelle de missiles exceptionnels : le missile Hot capable de détruire n’importe quel blindé à 4 km et le Mistral, apte à détruire tout aéronef à 6 km. Ensuite, émergea l’aptitude à poursuivre peu à peu le combat la nuit, notamment avec le vol sous jumelles à vision nocturne (JVN) qui offrit à l’Alat une certaine agilité de nuit, lui permettant, alors qu’il fait bien noir, de descendre dans le terrain pour l’utiliser au mieux. La caméra thermique Viviane, maîtrisée au début des années 1990, ouvrit la capacité de combattre la nuit en utilisant à plein rendement le système de tir Hot.
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