Derniers Nomades du Grand Nord. Ces hommes de 30 000 ans
Depuis une dizaine d’années, de nombreuses expéditions polaires et de multiples ouvrages de voyageurs ont attiré l’attention du public sur le Grand Nord. La relation illustrée de Jacques Arthaud n’est pas seulement le fruit d’un voyage. L’auteur n’a pas parcouru la Laponie pour en saisir uniquement l’originalité ou le pittoresque. Il a, des mois durant, partagé l’existence rudimentaire des derniers nomades du Grand Nord comme gardien de troupeaux de rennes. Et son témoignage paraîtra plus émouvant quand on saura que ces nomades sont en voie de disparition et que, d’ici peu d’années, les dernières traces de la civilisation la plus ancienne de la Terre auront totalement sombré. C’est parce qu’il a été un des derniers témoins de cette âpre existence que Jacques Arthaud a tenu à nous apporter ici, moins des images propres à satisfaire notre imagination que des documents qui fixent les caractères originaux de cette culture en régression.
Cette familiarité de 30 000 ans que l’homme entretient avec le renne, cette obstination ancestrale de la créature face à une nature impitoyable, l’auteur nous en dévoile ici les multiples visages, apportant ainsi sa part à cette connaissance du monde que l’esprit réclame si vivement. Il nous aura donc révélé ainsi, non seulement l’homme de la Laponie, mais aussi tous les traits qui peuvent rendre sensible l’âme d’un paysage hanté par l’homme : la lumière, l’espace, « ce grand désert blanc », les nuits blanches et les jours sans Soleil.
Le texte qui précède les photographies est en réalité leur illustration. Pour nous rendre plus intelligible les divers aspects de cette terre et nous faire pénétrer davantage dans l’intimité de ces hommes d’un autre âge, l’auteur nous transcrit comme dans un journal, au jour le jour, le récit de la migration qu’il accomplit avec eux ; il nous fait partager les angoisses, les soucis et les joies qu’il a éprouvés comme eux dans cette aventure où l’homme est entièrement soumis aux exigences de l’animal. Ainsi le texte acquiert une humanité et une chaleur qui nous rendent plus accessibles ces paysans polaires. ♦