Les pays baltes ont souffert de l’histoire du XXe siècle et n’ont retrouvé leur souveraineté et leur liberté qu’à la chute de l’URSS. Oubliés, ces États sont partie prenante de l’Union européenne (UE) et aspirent à une Europe solidaire, capable de proposer des projets d’avenir et de protéger une liberté chèrement acquise en relevant les défis sécuritaires.
Les pays baltes et l’avenir de l’Europe
The Baltic States and the Future of Europe
The Baltic States suffered throughout the history of the twentieth century and only rediscovered their independence and freedom after the collapse of the USSR. Though often forgotten, these States are active members of the EU and aspire to be part of a united Europe capable of proposing projects for the future and, by identifying security challenges, of protecting the freedom acquired at such great expense.
C’est avec plaisir que j’ai répondu à l’invitation de participer à la conférence organisée au Sénat en commémoration de la chute du mur de Berlin. * C’est une occasion de rappeler la signification de cet événement pour les trois pays baltes, qui sont européens depuis très longtemps. La Lettonie, la Lituanie et l’Estonie ont déclaré leur indépendance en 1918, après la Première Guerre mondiale. Les trois pays l’ont perdue après la Seconde Guerre mondiale, quand le rideau de fer a scindé l’Europe en deux. Pour ceux qui se trouvaient du « bon côté » de ce rideau aussi réel que métaphorique, pendant un demi-siècle, cela a très bien marché. Les pays occupés ont été libérés, les démocraties ont été restituées et les habitants s’habituaient à l’espace européen réduit qui s’arrêtait au rideau de fer ; ils se sont habitués à la guerre froide. Il y avait même certains avantages à cette situation, une certaine stabilité dans l’équilibre des pouvoirs.
Le reste de l’Europe a été laissé pour compte. Nous avons été trahis par le pacte Molotov-Ribbentrop entre Hitler et Staline, juste avant la guerre, mais nous l’avons été autant par Roosevelt et Churchill durant et après la guerre, notamment à la conférence de Yalta. Un assistant de Churchill dans ses mémoires a relaté qu’il a reçu un mot de ce dernier disant que si jamais Staline demandait les pays baltes, il fallait certainement les laisser aux Soviétiques. Durant la Seconde Guerre mondiale, les Occidentaux avaient besoin d’un second front à l’est pour affaiblir les forces allemandes qui étaient très fortes et bien préparées. Les Anglais avaient peur d’une invasion, d’autant plus que les Américains étaient aussi engagés dans le Pacifique. Les alliés n’étaient pas certains d’être victorieux. Ils ont accepté l’Union soviétique comme un allié, en principe pour lutter contre la tyrannie, mais en appuyant en même temps un autre grand tyran. Staline a été un monstre qui a réussi à tuer plus de monde qu’Hitler, car il a vécu plus longtemps. L’hégémonie de l’URSS s’étendait sur l’Europe centrale et orientale autant que sur l’Asie centrale et le Caucase. Beaucoup de pays soumis à sa domination ont été profondément marqués par les suites de la Seconde Guerre mondiale, aux séquelles de laquelle les alliés occidentaux ont été complices.
Il ne faut pas oublier la signification double de la fin de la Seconde Guerre mondiale. La défaite du nazisme a certainement arrêté le génocide raciste et l’impérialisme de l’Allemagne, mais elle a aussi ouvert une période douloureuse d’occupation ou de domination étrangère pour les pays de l’Europe centrale et orientale. Le pouvoir totalitaire des régimes communistes imposés dans les pays satellites, les répressions particulièrement sanguinaires et meurtrières de l’époque stalinienne pour les pays baltes, annexés à l’URSS ont été une longue tragédie. Pour l’Europe occidentale et même pour les Allemands qui n’étaient pas fanatiquement prohitlériens, la fin de la guerre fut une libération, mais c’était tout le contraire en Europe centrale et orientale. Ces longues années derrière le rideau de fer ont entraîné de grandes souffrances, notamment les déportations de masse répétées dans les pays baltes.
Il reste 81 % de l'article à lire
Plan de l'article