À quelques mois de l’élection américaine, le bilan de la politique étrangère de Trump est accablant, alors que le monde est plongé dans une déstabilisation avec la pandémie de Covid-19. L’absence de leadership américain oblige les Européens à se ressaisir, mais en auront-ils la volonté, face à une Chine de plus en plus opaque ?
Les États-Unis et le monde à la veille de l’élection présidentielle américaine et à l’heure du Coronavirus
The United States and the World on the Eve of the American Presidential Election at the Time of Coronavirus
With the American election just a few months away, the assessment of Trump’s foreign policy is damning at a time when the Covid-19 pandemic has plunged the world into destabilisation. The absence of American leadership is compelling Europeans to pull together, and yet one wonders if they have the will for it in the face of an increasingly opaque China.
En raison de l’épidémie de Coronavirus, la Sorbonne est fermée à partir du lundi 16 mars jusqu’à nouvel ordre. Nous sommes au regret de vous annoncer que les conférences des 16, 23 et 30 mars sont annulées. » Tel est le bandeau que l’on a apposé sur notre site au moment où la France était frappée de plein fouet par la pandémie du Covid-19. Le cycle 2020 de la Chaire grands enjeux stratégiques contemporains de l’Université Sorbonne Paris 1, consacré cette année aux États-Unis, s’est donc achevé plus tôt que prévu. Commencé par la leçon inaugurale d’Hubert Védrine, poursuivi avec la conférence de Gérard Araud, notre programme s’est achevé sur les propos de Philip Gordon qui, de façon anticipée, fut notre dernier intervenant après Andrey Kortunov, Bruno Tertrais, Aaron Friedberg, Élie Tenenbaum, Maxime Lebfevre et Kazuto Suzuki. Le cycle 2020 de la Chaire s’est interrompu alors qu’il était déjà réalisé aux trois quarts et entrait dans sa phase finale, ce qui nous permet d’être au rendez-vous de ce numéro de la Revue Défense Nationale . Chaque année, en effet, au mois de juin, la RDN publie les contributions des participants aux conférences et aux tables rondes de la Chaire dont cette 7e édition avait pour thème : « La puissance américaine, assise et évolutions stratégiques ».
Le moment américain
Ce choix ne relevait pas du hasard. Il nous avait semblé, au démarrage de la Chaire, qu’il convenait de différer l’inévitable rendez-vous américain. Le parti pris de la Chaire est de croiser les points de vue, d’accueillir la diversité des opinions, de laisser libre expression aux chercheurs et universitaires venant de tous les horizons, de la Chine aux États-Unis, de la Russie au Japon, de la Corée à l’Inde, du Pakistan au Royaume-Uni afin qu’ils dialoguent ensemble. L’Amérique est étudiée partout. Les États-Unis, du fait de leur puissance économique et militaire, de leur influence dans le monde, sont au centre de toutes les réflexions internatio nales. Le questionnement de la plupart des Think Tanks sur les questions de défense en Europe est polarisé par la question transatlantique. La littérature anglo-saxonne domine le champ disciplinaire des études stratégiques. Il fallait d’abord donner de la place aux autres.
Nous devions aussi trouver le moment opportun. La fin du (premier ?) mandat de Donald Trump et la tenue, le 3 novembre prochain, de la 59e élection présidentielle aux États-Unis en fournissaient l’évidente occasion. L’an dernier, le cycle sur l’Europe était mis sous tension par les aléas politiques du Brexit . En 2020, le cycle sur les États-Unis allait être rythmé par les rebonds de la primaire démocrate. Cependant, comme l’indique le programme des conférences et conformément à l’objet des enseignements et des recherches de la Chaire, cette importante actualité ne pouvait constituer qu’une entrée en matière à une interrogation de long terme. Un changement de l’Administration présidentielle à Washington peut, en effet, être cause d’inflexions sur de nombreux dossiers internationaux, mais les données fondamentales qui sous-tendent les relations des États-Unis à la Chine, à l’Europe, à la Russie, au Moyen-Orient, elles, n’en seront pas pour autant changées. L’examen des orientations de la politique extérieure des États-Unis depuis quelques années le montre. D’Obama à Trump, la politique de distanciation vis-à-vis de l’Europe et de désengagement militaire au Moyen-Orient se poursuit. La guerre commerciale avec la Chine s’avive, mais reste à fleurets mouchetés. Il y a trop d’interdépendances entre les économies chinoise et américaine ; une conflagration serait mutuellement dévastatrice. Dans les rapports avec la Russie, le bouton Reset a été actionné, en début de mandat, tant par Obama que par Trump. Pour des raisons différentes, cela a été de nul effet et la politique extérieure de Washington à l’égard de Moscou est demeurée « oppositionnelle ». À la veille des élections américaines, un bilan de l’action internationale de Donald Trump s’imposait.
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