Curieux Printemps ! Printemps de pandémie, de crise économique, de tensions géopolitiques accrues par un coronavirus venu a priori de Chine, printemps de commémorations ratées à cause de ce virus ravageur. Chaque soir, les chiffres des malades et des décès rythment la vie de la plupart des États, repliés sur eux-mêmes, avec des populations confinées et stressées à juste titre par leur propre avenir, voire leur survie. Or, et plus que jamais, la Covid-19 a accéléré la fracture du monde et révélé une « tectonique des plaques géostratégiques » montrant les vulnérabilités de certaines régions du monde et en particulier de l’Europe, à la fois dépendante de la Chine y compris sur le plan sanitaire et trop liée aux États-Unis pour sa sécurité. Lire la suite
La France s’efforce de renouveler un dialogue avec la Russie, dans un contexte géopolitique tendu, mais qui doit s’efforcer de dépasser les crispations. Moscou a su retrouver un statut de puissance, malgré une économie trop dépendante aux hydrocarbures. Poutine dispose d’atouts dont une stratégie gagnante au Moyen-Orient. Lire les premières lignes
La puissance américaine : assise et évolutions stratégiques
À quelques mois de l’élection américaine, le bilan de la politique étrangère de Trump est accablant, alors que le monde est plongé dans une déstabilisation avec la pandémie de Covid-19. L’absence de leadership américain oblige les Européens à se ressaisir, mais en auront-ils la volonté, face à une Chine de plus en plus opaque ? Lire les premières lignes
Le mode de gouvernance de Donald Trump est brutal, mais reflète une réalité américaine qui a toujours prôné une forme d’isolationnisme. Les Européens doivent repenser leur avenir en faisant preuve de plus de pragmatisme et en innovant pour recréer une nouvelle base de discussions afin d’affronter les épreuves et défis de demain. Lire les premières lignes
Les États-Unis et la Chine sont dans une confrontation directe économique et technologique. Contrairement à la précédente décennie, Pékin a une ambition centrée autour de sa puissance et n’admet pas les principes d’ouverture des démocraties qui doivent prendre conscience de ce qui les unit pour répondre au défi de Pékin. Lire les premières lignes
La pandémie actuelle a révélé la rupture entre les États-Unis de Trump et l’Europe. Celle-ci doit prendre conscience que Washington n’accorde plus d’importance à la relation transatlantique. D’où le besoin impératif des Européens d’assumer leurs responsabilités en agissant collectivement sans attendre tout de l’extérieur. Lire les premières lignes
Les États-Unis ont échoué à vouloir imposer des changements de régime au Moyen-Orient, même si certains pouvoirs font preuve de nocivité à l’égard de la population. Il faut être prudent et résister à ne pas modifier par la contrainte des systèmes politiques exécrables dans cette région complexe et fragile, mais trouver d’autres voies. Lire les premières lignes
Paradoxalement, Moscou s’était réjoui de l’élection de Donald Trump, le Kremlin ayant une préférence pour les Républicains. Or, les relations entre Trump et Poutine n’étant pas bonnes, les relations se sont dégradées. La Russie doit dès lors rompre la logique de confrontation et modifier l’image qu’elle donne au reste du monde. Lire les premières lignes
Les relations russo-américaines sont marquées par la défiance et la difficulté à relancer un dialogue du contrôle des armements. L’ambivalence de Moscou et la méfiance de Washington accroissent les antagonismes alors qu’il serait nécessaire de rétablir le dialogue sur des sujets d’intérêt commun, pour une ouverture nécessaire. Lire les premières lignes
Les guerres numériques sont réelles et les États-Unis une cible privilégiée. Face aux attaques hybrides, les réponses visent à dissuader les adversaires, mais aussi à agir directement. Le soft power américain dans ce domaine est une source de supériorité, mais aussi de fragilité tant les outils sont utilisés pour contrer ceux qui les ont conçus. Lire les premières lignes
La situation stratégique du Japon n’est pas simple : allié des États-Unis et partenaire commercial de la Chine qui sont en concurrence. Pour Tokyo, la garantie de sécurité des États-Unis reste essentielle face à Pékin aux ambitions régionales hégémoniques. Il considère avec intérêt sa relation avec la France et l’Europe dans ce contexte. Lire les premières lignes
Beaucoup prédisent le déclin américain. Or, malgré ses faiblesses politiques générées par le clivage Républicains-Démocrates, les États-Unis disposent d’atouts dont le regard vers l’avenir est son ADN. D’où le besoin pour l’Europe de conserver ce lien imparfait et irritant, mais indispensable dans un monde en rupture d’équilibre. Lire les premières lignes
Repères - Opinions
Les armées sont engagées sur le territoire national selon des modalités diverses répondant à des besoins. Il s’agit de maintenir un équilibre dans l’emploi des moyens et des ressources humaines pour conserver une liberté d’action et agir en complémentarité des forces de sécurité intérieure en préservant la singularité militaire. Lire les premières lignes
La crise de la pandémie a mis à mal la solidarité européenne, mais peu à peu l’Europe a pris conscience de ses dépendances et de ses faiblesses. La récession à venir oblige à répondre et à agir de façon concertée. Face aux menaces et aux défis, l’Union européenne (UE) doit considérer la défense comme une de ses responsabilités essentielles. Lire les premières lignes
La crise de la Covid-19 a un impact dans l’espace méditerranéen, avec une fragilisation des pays de la rive nord, tandis que le Sud reste moins vulnérable, mais connaît des frustrations. Le repli des puissances traditionnelles a ouvert un champ à la Chine ou à la Turquie. L’Europe doit intensifier le dialogue pour ne pas se faire déborder. Lire les premières lignes
La pandémie actuelle doit faire réfléchir à la menace NRBC (nucléaire, radiologique, biologique ou chimique) dont les risques biologiques. Il serait judicieux d’anticiper ce type de danger et de se doter des moyens pour éviter de se trouver sans ressources pour se protéger. Cet effort doit se faire dans une coopération internationale, car il y va de la santé de la population. Lire les premières lignes
Face à la pandémie, les forces armées belges ont apporté leur contribution aux dispositifs de santé. À la différence de la France, le vocabulaire a été moins « guerrier » dans un pays complexe et divisé politiquement. Cependant, le constat reste identique quant à sa capacité de résilience, qu’il faudra réexaminer demain. Lire les premières lignes
Approches régionales
Les rivalités minent la coexistence des ethnies et des États depuis l’indépendance de 1949. Le Pakistan est pris en étau entre l’Inde et l’Afghanistan avec des interactions de l’Iran et de la Chine. Cette région – nucléarisée – est source de crises et tout dérapage a des conséquences au-delà des protagonistes de l’Asie du Sud. Lire les premières lignes
Approches historiques
En ces deux journées de juin, les fleurons de la Marine, l’un quasiment achevé à Brest et l’autre en construction à Saint-Nazaire ont pu quitter la métropole pour échapper aux Allemands, même s’ils ont nécessité des travaux pour les mettre à niveau, ne serait-ce que pour réparer les dégâts provoqués par les Britanniques en 1940. Lire les premières lignes
Chronique
L’opération Dynamo a été un succès organisationnel et tactique, s’appuyant sur la pause imposée par le Führer le 24 mai 1940 à la progression inexorable de la Wehrmacht vers la Manche. Dunkerque a permis de préserver la supériorité aérienne et navale britannique qui allait se révéler dans les semaines suivantes lors de la bataille d’Angleterre. Lire la suite
Recensions
Avec ce nouvel ouvrage, l’ancien rédacteur en chef de la revue Défense (IHEDN) pose un constat et dresse une ambition. Un constat : « L’une des leçons essentielles de son histoire tourmentée n’en reste pas moins récurrente, invariante et décisive : la France reconquiert toujours sa souveraineté et son indépendance nationale par la mer. » Et une ambition : « poser les principales données de l’équation maritime française en essayant de répondre au si bel appel de Michelet […], non pas par la réaffirmation de quelques valeurs d’une morale abstraite, mais bien par une politique volontaire et ambitieuse, par la “Politique” au sens premier ! ». Lire la suite
« Dulce bellum inexpertis », un des plus célèbres Adages d’Érasme, pourrait signifier que la guerre paraît douce à ceux qui ne la connaissent pas, et plus exactement à ceux qui n’en ont pas fait l’expérience. Il sous-entend notamment que ceux qui décident de la guerre ne sont que rarement sur le champ de bataille et que les horreurs du combat n’ont pas la même odeur au front et à l’arrière. Le militaire le sait bien, lui qui est susceptible d’être confronté à cette violence dans le cadre de ses missions et qui, parfois, en porte les stigmates physiques ou psychiques. À travers une lecture de l’œuvre de Simone Weil, Vincent Guéquière, officier sous-marinier, s’est penché sur cette ambiguïté liée à l’usage de la force, mal auquel nous répugnons, mais qui s’avère pourtant nécessaire. Lire la suite
Un spectre hanterait l’Élysée : une révolution en Algérie. L’irruption de mouvements de protestation en 2019 contre la tentative du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, de convoiter un cinquième mandat consécutif (après ceux de 1999, 2004, 2009 et 2014) renforcerait cette crainte d’une déstabilisation de l’ancienne colonie par un coup d’État et l’accroissement de flux migratoires en provenance d’Algérie qui risquerait d’alimenter les tensions dans et avec l’Hexagone. Lire la suite
Les dictatures militaires sud-américaines des années 1970 sont bien oubliées aujourd’hui. La biographie du général Augusto Pinochet qui vient de paraître n’en présente donc que plus d’intérêt. Lire la suite
France is attempting to renew dialogue with Russia. The geopolitical context may be tense, but effort has to be made to overcome such tension. Moscow has been able to re-establish a position of power, despite an economy over-dependent on hydrocarbons. Putin holds many trump cards, one of which is a winning strategy in the Middle East.
With the American election just a few months away, the assessment of Trump’s foreign policy is damning at a time when the Covid-19 pandemic has plunged the world into destabilisation. The absence of American leadership is compelling Europeans to pull together, and yet one wonders if they have the will for it in the face of an increasingly opaque China.
Donald Trump’s style of governance is brutal but reflects American thinking, which has always advocated some form of isolationism. Europeans must take a new look at their future, applying pragmatism and innovation to create a new basis for discussion in order to face tomorrow’s trials and tribulations.
The United States and China are in direct economic and technological confrontation. In contrast to the previous decade, Beijing centres its ambition on power and does not accept the principles of openness of democracies. The latter need to take account of what unites them if they are to respond to Beijing’s challenge.
The current pandemic has exposed a rupture between Trump’s United States and Europe. The latter needs to bear in mind that Washington no longer affords any importance to the transatlantic relationship. Hence there is a crying need for Europeans to face up to their responsibilities by acting together, and no longer to expect solutions to come from elsewhere.
The United States has failed in its desire to impose regime change in the Middle East, despite some powers continuing to show little regard for their populations. We must remain prudent and resist the temptation to enforce change on some of the atrocious political systems in this complex and fragile region, but instead to find other ways.
It seems paradoxical, but since the Kremlin had a preference for the Republicans, Moscow was delighted at the election of Donald Trump. Yet because relationships between Trump and Putin were not good, relations deteriorated. Russia needs now to break away from its practice of confrontation and change the image it gives to the rest of the world.
Russo-American relations are notable for their mistrust and for the difficulty in re-establishing dialogue on arms control. Moscow’s ambivalence and Washington’s mistrust serve to increase antagonism: to create the opening that is required, they need to re-establish dialogue on matters of common interest.
Digital wars are with us, and the United States is a favoured target. In the face of multi-faceted attacks, responses are aimed both at deterring adversaries and at direct action. US soft power in this field is a factor of superiority, but also of vulnerability given that the ‘weapons’ are being used against the very people who designed them.
Japan’s strategic situation is far from simple: it is an ally of the United States and a commercial partner of China, and yet those two are competitors. The United States’ security guarantee remains essential for Tokyo in the face of Beijing’s hegemonic ambitions in the region. Given this context, Japan is looking with interest at its relationship with France and Europe.
Many predict a declining America, and yet despite its political weaknesses resulting from the Republican-Democrat split, the United States possesses advantages, among which its look to the future is its DNA. Hence the need for Europe to preserve this imperfect and irksome, yet essential link in a world that has lost its balance.
Opinions and Viewpoints
The armed forces are committed on national territory in many different ways and according to needs. A balance has to be maintained in the use of assets and human resources to preserve freedom of action and to act in support of internal security forces whilst retaining the military difference.
The crisis of the pandemic has highlighted failings in European solidarity, but little by little Europe has taken note of its dependencies and weaknesses. The coming recession will demand response and concerted action. In the face of threats and challenges, the EU must consider defence as one of its essential responsibilities.
The Covid-19 crisis is having an impact in the Mediterranean area, weakening countries on the northern shore whilst those in the south remain less vulnerable, albeit they too are experiencing frustrations. The withdrawal of the traditional powers is leaving an open field for China and Turkey. Europe must intensify its dialogue if it is not to be outflanked.
The current pandemic should lead us to reflect on the CBRN threat, and on biological risks in particular. It would seem sensible to anticipate this type of danger and to acquire the appropriate assets in order to avoid finding ourselves without resources for protection. Such effort should be made through international cooperation, since it concerns the health of the entire population.
In the face of the pandemic, the Belgian armed forces have made their contribution to the health system. Compared with that used in France, the vocabulary has been less war-like in this complex and politically divided country. For all that, the results have been the same regarding the country’s capacity for resilience—and they will need future examination.
Regional Approaches
The co-existence of ethnic groups and these countries has been undermined by rivalry since independence in 1949. Pakistan is held in a vice between India and Afghanistan, and suffers further interaction from Iran and China. This region—which hosts nuclear weapons, let it not be forgotten—is a source of crisis: any loss of control would have consequences well beyond the protagonists in southern Asia themselves.
Historical Approaches
In two June days, two battleships—the pride of the Navy, one almost completed in Brest and the other under construction in Saint-Nazaire—managed to leave France and escape the Germans. They still needed work to complete them, if only to repair the damage caused by the British in 1940.
Chronicle
Operation Dynamo was a tactical and organisational success, built on the 24 May 1940 pause imposed by the Führer on the inexorable progression of the Wehrmacht towards the English Channel. Dunkirk allowed the British to maintain the air and naval superiority that was to prove essential in the weeks that followed, during the Battle of Britain. Read more
Book Reviews
Curieux Printemps ! Printemps de pandémie, de crise économique, de tensions géopolitiques accrues par un coronavirus venu a priori de Chine, printemps de commémorations ratées à cause de ce virus ravageur. Chaque soir, les chiffres des malades et des décès rythment la vie de la plupart des États, repliés sur eux-mêmes, avec des populations confinées et stressées à juste titre par leur propre avenir, voire leur survie. Or, et plus que jamais, la Covid-19 a accéléré la fracture du monde et révélé une « tectonique des plaques géostratégiques » montrant les vulnérabilités de certaines régions du monde et en particulier de l’Europe, à la fois dépendante de la Chine y compris sur le plan sanitaire et trop liée aux États-Unis pour sa sécurité.
Ce printemps devait en effet commémorer le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, du moins en Europe et ainsi rappeler que la liberté face au nazisme a eu un coût surhumain, avec le triomphe des États-Unis comme pays défenseur de la démocratie et un nouvel asservissement d’une partie du « Vieux Continent » sous la férule soviétique jusqu’à son effondrement à partir de 1989. Les États-Unis avaient ainsi affirmé leur puissance, sans pour autant avoir créé un empire. Les Européens, grâce à l’Otan, se contentaient d’accepter cette tutelle et de s’en remettre à la force américaine pour assurer leur sécurité. Et pourtant, peu à peu, les deux rives de l’Atlantique se sont éloignées, Washington regardant de plus en plus vers le Pacifique et l’Asie, avec la montée en puissance de la Chine, dont la transformation économique, le dynamisme de sa population et la mutation de ses mégapoles attiraient les investisseurs. Beaucoup y voyaient l’avenir du libéralisme et donc le passage progressif vers un système politique démocratique. Mais Pékin a joué sa propre partition : oui à l’économie de marché en s’imposant comme l’usine du monde, mais à condition désormais de jouer selon ses propres règles définies par un régime autoritaire et hostile à toute libéralisation.
Le défi est désormais de taille pour les États-Unis. D’où ce dossier conduit par la Chaire Grands enjeux stratégiques contemporains de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui – malgré son interruption physique – est plus que jamais d’actualité, à quelques mois de l’élection de novembre. Entre la politique controversée de Donald Trump et ses errements relayés par la diplomatie du tweet et l’affrontement désormais quasi quotidien avec la Chine, le monde bascule dans un mode de fonctionnement difficile à décrypter, mode de plus largement affecté par la pandémie, qui bouleverse les rapports sociaux et économiques et dont les conséquences commencent à peine à émerger.
Ce printemps doit aussi être l’occasion de penser à nos « étranges défaites », celle de notre histoire avec 1940 dont nous payons toujours les conséquences indirectes et celle de 2020 où nos certitudes ont été bouleversées par un coronavirus, ennemi invisible et sournois, qui nous a paralysé et révélé nos lacunes, nos déficiences et le besoin d’une résilience plus conséquente. Certes, il appartient aux opérationnels – et on doit y inclure désormais notre système sanitaire, mais aussi tous les sans-grade qui ont assuré le fonctionnement a minima de notre pays – de se préparer à affronter les crises et d’accroître ce besoin de renforcer nos capacités à faire face à l’imprévu. Mais c’est au « Politique » de donner les moyens notamment budgétaires et de définir les objectifs à atteindre. Cette responsabilité est plus que jamais évidente et doit s’imposer à nos dirigeants selon le principe « cedant arma togae » fondateur de la démocratie. ♦
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