Les États-Unis et la Chine sont dans une confrontation directe économique et technologique. Contrairement à la précédente décennie, Pékin a une ambition centrée autour de sa puissance et n’admet pas les principes d’ouverture des démocraties qui doivent prendre conscience de ce qui les unit pour répondre au défi de Pékin.
L’intensification de la rivalité États-Unis/Chine dans les domaines économique et technologique
The Intensification of US-Chinese Rivalry in the Economic and Technological Fields
The United States and China are in direct economic and technological confrontation. In contrast to the previous decade, Beijing centres its ambition on power and does not accept the principles of openness of democracies. The latter need to take account of what unites them if they are to respond to Beijing’s challenge.
Il sera ici question des dimensions économique et technologique de la concurrence beaucoup plus large, pour ne pas dire universelle, qui s’exerce actuellement entre les États-Unis et la Chine, et aussi, de plus en plus, entre la Chine et les autres démocraties industrielles avancées. Cette compétition s’étend à toutes sortes de domaines fonctionnels et de théâtres géographiques. Elle se joue dans les sphères militaire, diplomatique et informationnelle, et dans les domaines économique et technologique. Par ailleurs, ces manifestations, au-delà de la seule région Indo-Pacifique, sont évidentes aux quatre coins du monde, y compris dans les pays en développement, aux pôles et en Europe.
La rivalité sino-américaine s’exacerbe et gagne en intensité comme en amplitude. Elle est alimentée par différentes forces, elles-mêmes fortement ancrées au sein du système international contemporain : non seulement (ni même principalement) les politiques spécifiques épousées par les gouvernements en place à Washington ou à Pékin, mais aussi certains leviers géopolitiques, idéologiques et économiques. Deux facteurs aggravent ici les tensions historiquement constatées lorsqu’un État en pleine ascension commence à combler l’écart qui séparait ses capacités matérielles de celles d’une puissance autrefois prépondérante : d’abord, la divergence foncière et persistante entre l’organisation sociale, l’idéologie et le système politique des deux pays ; ensuite, les frictions issues de la profonde interdépendance, à ce jour tout au moins, de leurs économies.
Les tensions liées aux questions économiques constituent à la fois une cause et une conséquence de cette rivalité avivée entre la Chine et l’Amérique. Mon ancien collègue de Princeton, le regretté Robert Gilpin, a décrit cette interaction entre politique et économie en des termes aussi élégants que synthétiques : « La relation entre l’économie et la politique (…) est réciproque. D’une part, la politique détermine dans une large mesure le cadre de l’activité économique. (…) D’autre part, le processus économique lui-même tend à redistribuer le pouvoir et la richesse. (…) Ce qui suscite, à son tour, une transformation du système politique et génère ainsi une nouvelle organisation des relations économiques. Ainsi la dynamique des relations internationales dans le monde moderne est-elle largement fonction de l’interaction réciproque entre l’économie et la politique » (1).
Il reste 94 % de l'article à lire
Plan de l'article