La pandémie actuelle a révélé la rupture entre les États-Unis de Trump et l’Europe. Celle-ci doit prendre conscience que Washington n’accorde plus d’importance à la relation transatlantique. D’où le besoin impératif des Européens d’assumer leurs responsabilités en agissant collectivement sans attendre tout de l’extérieur.
États-Unis/Europe : l’heure de la rupture
United States and Europe: Rupture is on the Cards…
The current pandemic has exposed a rupture between Trump’s United States and Europe. The latter needs to bear in mind that Washington no longer affords any importance to the transatlantic relationship. Hence there is a crying need for Europeans to face up to their responsibilities by acting together, and no longer to expect solutions to come from elsewhere.
D’une crise à l’autre, depuis des décennies, les relations transatlantiques se sont maintenues sur une équation de guerre froide quasi inchangée : un leadership stratégique et politique américain, un engagement des États-Unis à défendre le continent européen y compris par l’extension de leur dissuasion nucléaire, la primauté de l’Otan sur tout autre format de relations transatlantiques, une soumission et une dépendance volontaires des Européens à l’égard de la puissance et de la politique étrangère des États-Unis. De nombreux épisodes conflictuels sont venus parfois troubler ce schéma : la bombe à neutrons en 1978, le pacifisme des opinions européennes contre le déploiement des missiles Pershing et Cruise américains en 1983, pour répondre aux SS-20 soviétiques, la guerre en Irak décidée par les États-Unis en 2003, notamment. Toutefois, à chaque épisode de crise, le retour à la norme de l’Otan et du leadership américain s’opérait sans trop d’altérations. Les divergences entre alliés portaient en effet sur telle ou telle politique (le risque de découplage ou non par des missiles de portée intermédiaire, l’invasion militaire de l’Irak ou le désarmement contrôlé par l’ONU), jamais sur les fondamentaux mêmes de la relation transatlantique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui sous le gouvernement de Donald Trump : ce sont les fondements mêmes de la relation qui sont touchés.
La pandémie du Covid-19, qui s’est abattue tel un fléau antique sur la planète, à partir de février 2020, sera-t-elle susceptible d’inverser cette tendance, en rétablissant des solidarités nouvelles entre alliés des deux continents ? Rien n’est moins sûr. Le virus est en passe de détruire une bonne partie des piliers de l’ancien monde globalisé, à commencer par le traditionnel schéma des relations euroaméricaines. Pas forcément pour le pire.
L’Amérique de Trump : la première puissance révisionniste du monde
Depuis son élection en 2016, Donald Trump a entrepris une remise en cause systématique des piliers de la puissance occidentale, comme les Américains les avaient eux-mêmes conçus et imposés au monde à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son analyse est simple, et pas forcément fausse : l’Amérique n’est plus le gagnant, mais la victime de la mondialisation, au profit de la Chine. Les États-Unis ont en effet dominé le monde depuis 1945, la mondialisation représente une victoire sans conteste de la supériorité du modèle occidental sur tous les modèles alternatifs, à commencer par le communisme, mais Donald Trump considère que cette période s’est achevée. La Chine est devenue une puissance majeure, et la défense des intérêts américains suppose donc de détruire tout ce qui dans le monde pénalise les États-Unis. « America first », le slogan cumule deux acceptions : s’occuper d’abord des États-Unis et rétablir l’Amérique au premier rang mondial.
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