Paradoxalement, Moscou s’était réjoui de l’élection de Donald Trump, le Kremlin ayant une préférence pour les Républicains. Or, les relations entre Trump et Poutine n’étant pas bonnes, les relations se sont dégradées. La Russie doit dès lors rompre la logique de confrontation et modifier l’image qu’elle donne au reste du monde.
Trump : quels enseignements pour la Russie ?
Trump: What are the Lessons for Russia?
It seems paradoxical, but since the Kremlin had a preference for the Republicans, Moscow was delighted at the election of Donald Trump. Yet because relationships between Trump and Putin were not good, relations deteriorated. Russia needs now to break away from its practice of confrontation and change the image it gives to the rest of the world.
Si la victoire des républicains dans la course à la Maison-Blanche, en 2016, a paru surprendre la plupart des analystes et dirigeants politiques russes, les réactions qui l’ont accueillie allaient de l’optimisme prudent à la franche euphorie. Cette aménité s’explique par un certain nombre de raisons, à commencer par la personnalité de la candidate démocrate : pour le pouvoir russe, Hillary Clinton incarnait l’une des figures les plus bellicistes de la première Administration Obama – ardente avocate de l’usage de la force au Moyen-Orient, farouchement résolue à renforcer l’importance du volet « droits de l’homme » dans les relations russo-américaines, et, qui plus est, personnellement hostile à Vladimir Poutine.
Par ailleurs, le Kremlin a toujours eu plus de facilité à travailler avec les Présidents issus du Parti républicain. C’était déjà vrai à l’heure de la détente, sous Leonid Brejnev et Richard Nixon, puis pendant la perestroïka du temps de Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan. Et malgré toutes les difficultés qu’ont traversées les relations entre les deux pays dans les années 2000, Vladimir Poutine se sentait manifestement plus à l’aise pour discuter avec George W. Bush qu’avec son successeur démocrate, Barack Obama. Donald Trump, certes, ne s’inscrit pas dans le moule républicain traditionnel, mais Moscou, apparemment, nourrissait l’espoir que sa double victoire présidentielle et législative contribuerait à infléchir la politique russe de Washington dans le sens de la prédictibilité et du pragmatisme.
La rhétorique dont usa le nouvel élu au cours de la campagne présidentielle, à savoir ses nombreuses déclarations pour le moins déroutantes sur toutes sortes de sujets, de l’Europe à la Russie en passant par l’Ukraine et l’Otan, invitait d’autant plus à anticiper une évolution substantielle de l’ensemble de la politique étrangère américaine. À en croire certains commentaires, Donald Trump ne voyait pas la Russie comme la grande menace pesant sur la sécurité du monde, mais comme un allié potentiel dans le bras de fer qui ne manquerait pas d’opposer les États-Unis à la Chine. À tout le moins, sur cette question clé de la politique extérieure américaine, Trump paraissait attendre de Moscou une forme de neutralité bienveillante. La Russie, elle, pouvait escompter d’une telle réorientation stratégique d’importants bénéfices tactiques qui lui auraient surtout permis de se poser en médiatrice entre les deux centres de pouvoir les plus influents du triangle géopolitique Washington-Moscou-Pékin.
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