La pandémie actuelle doit faire réfléchir à la menace NRBC (nucléaire, radiologique, biologique ou chimique) dont les risques biologiques. Il serait judicieux d’anticiper ce type de danger et de se doter des moyens pour éviter de se trouver sans ressources pour se protéger. Cet effort doit se faire dans une coopération internationale, car il y va de la santé de la population.
Covid-19 et guerre biologique
Covid-19 and Biological Warfare
The current pandemic should lead us to reflect on the CBRN threat, and on biological risks in particular. It would seem sensible to anticipate this type of danger and to acquire the appropriate assets in order to avoid finding ourselves without resources for protection. Such effort should be made through international cooperation, since it concerns the health of the entire population.
Dans les années 1960, les armées françaises parlaient d’« armes spéciales ». Par la suite, cette dénomination a été remplacée par celle, plus explicite, d’armes « NBC » (nucléaires, bactériologiques – le terme biologique aurait été plus adapté, car il aurait englobé les virus qui ne sont pas des bactéries ; c’est ce terme que nous retiendrons désormais – et chimiques) puis « NRBC » (nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques). Ces armes sont également connues sous l’appellation d’« armes de destruction massive ».
Soixante ans plus tard, le regard sur ces armes a beaucoup évolué. La communauté internationale s’est mobilisée contre les armes chimiques, allant jusqu’à les interdire et ordonner la destruction des stocks, mais sans toutefois empêcher leur emploi à plusieurs reprises, notamment en Irak avec un total d’une quinzaine d’attaques des forces armées de Saddam Hussein contre l’Iran entre 1984 et 1988 et contre les Kurdes irakiens en 1983, et en Syrie à une trentaine de reprises entre 2012 et 2019 tant par l’armée de Bachar el-Assad que par le groupe État islamique. Cette mobilisation contre les armes chimiques est due principalement au fait qu’elles ont été utilisées contre des populations civiles sans défense et non en raison des dégâts qu’elles pourraient occasionner. En effet, les produits utilisés vont du chlore aux neurotoxiques, ces derniers ayant la létalité la plus importante. Tous ces produits ont pour caractéristiques essentielles leur volatilité, qui limite leur efficacité dans le temps et à une zone proche de celle de dispersion, ce qui facilite leur emploi en limitant les risques et la perte de contrôle par les utilisateurs.
En ce qui concerne les armes nucléaires, de nombreux traités ont cherché à en limiter la prolifération à défaut de pouvoir en interdire l’emploi. L’outil principal est le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) signé pour vingt-cinq ans en 1968 et prorogé indéfiniment en 1995. Sa caractéristique principale est le rôle dévolu à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur le contrôle des obligations des signataires. Il comprend 191 États-parties, mais plusieurs États nucléaires (Israël, Inde, Pakistan et Corée du Nord) ne l’ont pas signé ou s’en sont retirés. Il n’en reste pas moins que ces armes, qui n’ont plus été utilisées depuis 1945, restent le fondement de la doctrine militaire de certains pays, et non des moindres.
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