En ces deux journées de juin, les fleurons de la Marine, l’un quasiment achevé à Brest et l’autre en construction à Saint-Nazaire ont pu quitter la métropole pour échapper aux Allemands, même s’ils ont nécessité des travaux pour les mettre à niveau, ne serait-ce que pour réparer les dégâts provoqués par les Britanniques en 1940.
18-19 juin 1940 : les cuirassés Richelieu et Jean-Bart échappent aux Allemands
18-19 June 1940: The Battleships Richelieu and Jean-Bart Escape from the Germans
In two June days, two battleships—the pride of the Navy, one almost completed in Brest and the other under construction in Saint-Nazaire—managed to leave France and escape the Germans. They still needed work to complete them, if only to repair the damage caused by the British in 1940.
La France sort de la Première Guerre mondiale avec une flotte de guerre encore conséquente en tonnage, mais en grande partie désuète. En avril 1922, la Marine est autorisée à mettre en chantier quelques bâtiments légers et une douzaine de sous-marins. D’autres nations se lancent cependant dans des programmes de construction beaucoup plus ambitieux, à commencer par les États-Unis et le Japon. Cette inflation de constructions neuves alimente la peur d’une nouvelle course à l’armement naval, en souvenir de la compétition des Dreadnought entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne qui avait précédé la Première Guerre mondiale. En 1922, le traité de Washington impose une limitation du tonnage total des grands bâtiments de combat des principales puissances maritimes (1). En Europe, le traité fit évoluer les programmes de construction de la plupart des signataires. Nombre de tentatives furent effectuées pour construire de nouveaux cuirassés dans les limites du traité. La volonté d’améliorer la puissance de feu et le blindage tout en limitant le tonnage conduisit à des conceptions innovantes, comme celles de la classe « Nelson » britannique et des deux « Richelieu » français.
C’est seulement en 1931, pour répondre au lancement du cuirassé Deutschland, que la décision est prise de construire le Dunkerque de 26 000 t. Son jumeau le Strasbourg est commandé en 1934. Mais cette même année, les Italiens lancent un programme de deux navires de 35 000 t. La France réplique un peu plus tard avec la commande de deux bâtiments de même tonnage, le Richelieu à l’arsenal de Brest en 1935, puis le Jean-Bart en mai 1936 aux chantiers civils Penhoët et Loire, à Saint-Nazaire. Ignorant les clauses du traité de Versailles, les Allemands mettront alors sur cale le Bismarck puis le Tirpitz, de plus de 42 000 t.
Le Richelieu
Mis à l’eau à l’arsenal de Brest en janvier 1939 et pratiquement achevé au cours de l’année, le Richelieu effectue ses essais à la mer en avril et mai 1940. Ils ne sont cependant pas encore terminés lorsque l’aviation allemande bombarde Brest le 14 juin et tente vainement d’atteindre le bâtiment. Le 18 juin après-midi, à la veille de l’arrivée des troupes ennemies, le Richelieu appareille d’urgence avec un armement réduit et des stocks de munitions très limités, après avoir embarqué les 239 élèves de la promotion 1939 de l’École navale. Il franchit sans encombre le goulet, qui a pourtant été miné, sous une alerte aérienne. Il est accompagné d’une division de croiseurs auxiliaires chargés de 2 000 tonnes des réserves d’or de la Banque de France, de la Belgique et de la Pologne. Il rallie Dakar le 23 juin, où il est immobilisé selon les clauses de l’armistice.
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