Jusqu’à présent, la conduite des programmes s’appuie sur des processus très contrôlés et très directifs. Or, il faut désormais trouver de nouvelles méthodes plus agiles, permettant de mieux prendre en compte les innovations, les propositions des utilisateurs et les ressources d’autres acteurs ne venant pas de la défense.
Comment sortir du paradigme techno-push ? Les apports des nouveaux modes d’innovation
Getting Away From the Techno-Push Concept—What New Modes of Innovation Can Bring
Until now programme management has relied on closely controlled and directive processes. Times change: there is a need to find new, more agile methods that are better able to take into account innovations, proposals from users and resources of other players outside the defence field.
L’innovation ouverte est une source de transformation du management de l’innovation (Chesbrough, 2003), en particulier quand elle est combinée avec l’introduction de modèles centrés usagers (Hippel, 2005). Les sources de l’innovation sont plus distribuées que jamais : l’innovation repose sur une combinaison toujours plus variée de compétences et de ressources hétérogènes. Dans ce contexte, les nouvelles technologies comme les « big data » et l’intelligence artificielle accélèrent encore les mutations. Ces technologies sont diffusantes, car elles sont la source de disruptions potentielles dans de multiples domaines. Elles bouleversent les frontières entre industries. Elles se révèlent également flexibles dans la mesure où elles peuvent répondre à une variété d’usages difficiles à prescrire.
Dans ce contexte, imaginer les usages nouveaux implique une évolution majeure de la gestion de l’innovation pour les fonctions de défense. On observe deux (r)évolutions qui n’ont pas, à ce jour, encore trouvé de réponse claire.
Tout d’abord, une relation plus complexe qu’autrefois se développe entre les innovations technologiques issues des financements défense et celles qui résultent du civil (Perrin et Gerini, 2019 ; Mérindol, 2015). De fait, l’innovation utile à la défense ne peut plus se développer dans un circuit fermé, avec un périmètre industriel et technologique clairement défini. Cela signifie que raisonner sur la base industrielle et technologique de défense (BITD) pour mettre en place une politique d’innovation de défense a aujourd’hui perdu une partie de son sens. Dans ce contexte, la dualité des technologies prend un sens nouveau : l’enjeu n’est plus de savoir si la défense peut encore être une locomotive du développement technologique, mais comment il est possible de favoriser la fluidité des inventions et des technologies entre des réseaux d’innovation tirés en même temps par des enjeux commerciaux et militaires (Mérindol et Versailles, 2010). Il s’agit d’un enjeu essentiel pour préserver la capacité d’innovation indispensable aux forces armées, mais cette dualité doit être conciliée avec l’impératif de sécurité des approvisionnements. Les politiques d’innovation de défense doivent donc en partie se réinventer à partir de ces objectifs en tension l’un avec l’autre.
Il reste 86 % de l'article à lire
Plan de l'article