Les nouvelles technologies comme les imprimantes 3D ou les objets connectés peuvent désormais contribuer à la politique de soutien des équipements en apportant des solutions innovantes. L’industrie 4.0 offre ainsi des perspectives dans un secteur en pleine mutation même si certaines contraintes demeurent.
L’innovation dans la politique de soutien des équipements militaires en France : l’apport des technologies de l’industrie 4.0
Innovation in the Policy for Military Equipment Support in France: the Contribution of Industry 4.0 Technologies
New technologies such as 3D printers and connected objects can now contribute to equipment support policy by bringing innovative solutions. Despite some continuing constraints, industry 4.0 offers perspectives in a rapidly changing sector.
Le maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels de défense constitue un enjeu majeur de la politique de défense de la France, compte tenu de son impact opérationnel (disponibilité des matériels) et des coûts afférents. De nombreuses initiatives et expérimentations ont été lancées, ou sont en cours de déploiement, dans l’objectif d’améliorer significativement, voire de transformer, la façon de réaliser les tâches de MCO, tant au niveau des acteurs étatiques que des acteurs industriels. Elles misent en particulier sur le potentiel offert par les technologies à la base de la numérisation des chaînes de valeur, qui recouvrent un éventail très large allant de l’exploitation massive de données issues des matériels de défense en service (big data) à l’utilisation de robots ou de drones pour des tâches d’inspection ou de maintenance, en passant par la fabrication et la réparation additives (impression 3D). Toutes ces technologies ont en commun d’être à l’origine de fortes évolutions des processus de production industrielle et des modèles d’affaires afférents, qui se fédèrent autour du concept d’industrie 4.0 (Tortorella et Fettermann, 2017).
Leur application au MCO, que l’on peut considérer comme un service ayant une dimension industrielle forte, vise à une augmentation de la productivité du service et une meilleure maîtrise des coûts. Ces nouvelles technologies offrent également l’opportunité de faire passer les activités de MCO d’une logique de service ponctuel rendu aux armées à une logique d’ingénierie globale intégrant les meilleurs processus développés dans le secteur civil, lorsque toutefois cela est possible. Mais si cette logique est séduisante « sur le papier », il reste à évaluer l’apport de ces nouvelles technologies au MCO au regard de deux critères : les gains espérés, en termes d’amélioration du service notamment, et les difficultés de l’intégration de ces technologies dans des processus de MCO qui répondent à des contraintes bien spécifiques.
Sur la base d’une veille bibliographique et d’un travail de terrain qualitatif (23 entretiens semi-directifs), cet article identifie l’état des pratiques des acteurs du MCO (acteurs étatiques et notamment les différents services spécialisés dans la maintenance et aussi industriels avec essentiellement les grands donneurs d’ordres du secteur) vis-à-vis de ces nouvelles technologies et examine leurs évolutions potentielles, par milieu (matériels aéronautiques, navals et terrestres) (1).
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