En septembre 2010, la Chine suspendait ses exportations de terres rares à destination du Japon en raison d’un différend diplomatique territorial au sujet des îles Senkaku. Cet événement, que l’on surnomme maintenant « la crise des terres rares », a fait prendre conscience aux pays occidentaux de leur vulnérabilité concernant leurs approvisionnements en matières premières minérales. Cet épisode n’était pourtant que la partie émergée de l’iceberg. En effet, il a été l’aboutissement de tendances constantes sur le marché des matières premières minérales depuis le début des années 2000, à savoir l’augmentation des prix, l’inadéquation entre l’offre et la demande, ainsi que l’augmentation des tensions commerciales et géopolitiques.

Dès 2008, plusieurs stratégies avaient été mises en place au Japon (2007), aux États-Unis (2008), mais également dans l’Union européenne pour pallier ces difficultés, l’objectif étant d’identifier les vulnérabilités relatives à l’approvisionnement en matières premières minérales et de mettre en œuvre les moyens nécessaires à leur diminution. L’initiative pour les matières premières critiques (CE, 2008) lancée par la Commission européenne en 2008 comprenait donc trois piliers (la production soutenable de matières premières minérales, la maîtrise des routes d’approvisionnement et une stratégie d’efficience des ressources avec le recyclage), mais également la publication d’une liste de matières premières dites critiques (2011, 2014 et 2017) ⁽¹⁾, identifiées à partir d’une étude et d’un calcul de criticité.

Nous nous appliquerons dans cet article à expliquer ce calcul de criticité grâce à la méthodologie européenne. Dans un premier temps, nous présenterons les principales variables du calcul de criticité avant, dans un deuxième temps, de les appliquer à un métal en particulier, le cobalt ; et dans un troisième temps, nous nous attarderons sur les limites actuelles de cette méthodologie et sur les points d’améliorations possibles.