En janvier 2007, la Chine parvenait à détruire un satellite depuis la surface, franchissant une nouvelle étape de la militarisation de l’espace. L’intérêt militaire à la maîtrise de l’espace n’était certes pas une découverte, celle-ci était déjà un objet de compétition pendant la guerre froide. Cependant, avec le développement des technologies en réseau pendant la décennie 2010, la dépendance à l’espace n’a fait que s’accroître.

Les institutions militaires des grandes puissances doivent prendre en compte ce défi. Cela nécessite des moyens, mais aussi des structures pour soutenir et coordonner ces moyens. Or, l’espace ne se laisse pas appréhender facilement. Il s’agit en effet d’un objet à plusieurs facettes. Tout d’abord, l’espace est un milieu naturel spécifique qui obéit à ses lois physiques propres. Ensuite, l’espace est une zone géographique. Enfin, l’espace est un moyen au service de fins multiples, certaines militaires, d’autres non.

Une prise en compte satisfaisante de la dimension extra-atmosphérique doit intégrer cette complexité de l’objet. L’enjeu est de taille, d’autant que les organisations militaires sont elles-mêmes régies par des principes juridiques propres à chaque pays, qui n’ont pas manqué d’évoluer au cours des décennies. Les États-Unis en sont une illustration remarquable. La seconde moitié du XX^e siècle a en effet vu, d’abord, la fin progressive de l’autonomie des branches des forces armées, rassemblées dans un Departement of Defense unique dès 1947. Puis, l’interarmées a pris une importance grandissante avec la réorganisation législative de 1958. Enfin, la dimension opérationnelle du commandement a pris le pas sur la dimension organique, en particulier depuis le Goldwater-Nichols Act de 1986.