Refusant la défaite de 1940, le contrôleur général Carmille, a par son action clandestine, contribué aux combats contre les nazis. Spécialiste de la statistique, il a su mettre sur pied une organisation « civile » dont est issul’Insee, permettant de préparer la revanche, mais aussi protéger de nombreux Français.
Le contrôleur général Carmille, la statistique au service de la Résistance
Contrôleur général Carmille: Statistics in Support of the Resistance
Contrôleur général Carmille refused to accept the defeat of 1940 and conducted clandestine activities that contributed to fighting the Nazis. As a statistics specialist he was able to establish a civilian organisation which developed into today’s INSEE, the national statistics institution, and which allowed him both to organise revenge and to protect numerous French citizens.
Depuis soixante-quinze ans, René Carmille pose une énigme troublante : a-t-il été un résistant ? Un collaborateur ? Ou a-t-il pratiqué le fameux « double jeu » dont se réclamaient les fidèles du maréchal Pétain ? Le meilleur moyen de la résoudre est de partir des faits, des vérités établies, des sources sûres.
Polytechnicien (X 1906), ancien artilleur pendant la Grande Guerre (qu’il a terminée comme capitaine, avec la Légion d’honneur et la croix de guerre), contrôleur général des armées, maître de conférences à l’École libre des Sciences politiques, spécialiste de la mécanographie dans l’administration, à laquelle il a consacré un traité (Sirey, 1936) et plusieurs études, René Carmille est également un honorable correspondant du 2e Bureau depuis 1911. D’un voyage en Allemagne dans les années 1930, il a rapporté de précieux renseignements sur les techniques secrètes de la mécanographie allemande dans le but de préparer une mobilisation clandestine. Dans la Revue politique et parlementaire de septembre-octobre 1939, il a publié une longue étude intitulée « Sur le germanisme », analyse accablante du totalitarisme hitlérien, de ses méthodes et de ses ambitions : « L’histoire nous offre bien des exemples de tyrannie, conclut-il, mais nous ne croyons pas qu’il y ait jamais eu une pareille tentative d’emprise sur la pensée humaine. »
Après la défaite, il manque de peu l’occasion de gagner Londres. Le colonel Louis Rivet, chef des services spéciaux de l’armée de l’armistice (rebaptisés « Entreprise de travaux ruraux » ou « TR ») lui demande de rester, car il estime qu’il est le plus apte à camoufler le service de recrutement, dissous en vertu de la convention d’armistice. Chargé par le général Weygand, ministre de la Guerre, de créer un service de Statistiques, il commence par mettre sur pied une direction de la Démographie, rattachée au ministère des Finances (novembre 1940), qui fusionne, l’année suivante, avec la Statistique générale de la France (SGF), chargée du recensement quinquennal de la population, en sommeil depuis l’armistice, pour donner naissance, en octobre 1941, au Service national des statistiques (SNS).
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