Editorial
Éditorial
Il y a tout juste 55 ans, le 26 novembre 1965, la fusée Diamant A mettait en orbite le premier satellite français, Asterix. Ce succès voulu par le général de Gaulle et conduit par le Cnes, créé en 1961, permettait à la France de devenir la troisième puissance spatiale. Que de chemin parcouru depuis les sixties pour notre politique spatiale portée initialement pour redonner à notre pays cette souveraineté qui lui avait tant manqué il y a 80 ans. Et cet automne, marqué encore par la pandémie et ses affres, est aussi le 50e anniversaire de la disparition de l’Homme du 18 juin. D’où la republication du texte écrit à cette occasion pour la RDN par un de ses fidèles, Michel Debré, et dont les mots résonnent encore dans notre actualité stratégique et font encore sens.
Là encore, les hasards de la destinée font de cette année 2020, bien difficile à maints égards, une année de commémoration et d’hommage. Le décès de Daniel Cordier, Compagnon de la Libération, secrétaire de Jean Moulin, comme le 100e anniversaire de la dépose de la dépouille du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe, nous rappellent avec insistance que la défense de la France n’est pas l’apanage des militaires, mais bien de la responsabilité de tous les citoyens. En cette période de basculement du monde où la sphère occidentale n’est plus la référence, et où les rapports de force et l’autoritarisme redeviennent une norme revendiquée par certains États et leurs responsables, plus que jamais la défense se doit d’être globale et d’impliquer toute la nation. Cela est d’autant plus nécessaire que construire une défense s’inscrit dans la durée. Il y a certes la durée des programmes, qui aujourd’hui atteignent facilement un demi-siècle entre conception, développement, emploi puis démantèlement, mais aussi et c’est essentiel, former ceux et celles qui mettent en œuvre les armements, les conçoivent, les soutiennent ou les produisent. Là encore, il faut du temps et anticiper les besoins de demain, à l’heure même où le numérique bouleverse totalement nos références et nos pratiques. Entre la plume du Général écrivant dans l’urgence son Appel et le tweet ou le message sur un réseau social y compris opérationnel, il faudra toujours y mettre l’intelligence de l’individu face à l’imprévu ou la crise. Cela exige un apprentissage de plus en plus complexe pour appréhender un environnement stratégique en pleine mutation.
Cette année 2020 aura été – n’en déplaise à certains analystes – une surprise stratégique. Certes, de nombreuses hypothèses – dont la pandémie –avaient fait l’objet de réflexions, mais il n’en demeure pas moins que toutes les prévisions ont été balayées. Par la Covid-19, pour une bonne part, mais aussi par le basculement du monde et la perte de certains repères stratégiques qui étaient considérés comme acquis depuis la fin de la guerre froide. Par l’arrogance de certains – on peut penser à certains dirigeants – pensant que la revendication nationaliste peut faire resurgir un passé plus ou moins glorieux. Par l’ignorance d’autres, oubliant que les passions entre les peuples peuvent ne pas guérir et susciter des haines durables. Par l’oubli, en progression hélas, des drames du passé qui amenèrent guerres et exterminations au nom d’idées totalitaires. Le devoir de vigilance s’impose pour absolument préserver l’avenir. ♦