Latouche-Tréville est encore aujourd’hui une des grandes figures de notre histoire navale avec une vie intense au service de la France dans une période agitée où il sut faire preuve de ses qualités de marin et de chef au combat en ayant un vrai sens politique.
Le commandement : l’exemple de Latouche-Tréville
Command: the Example of Latouche-Tréville
Latouche-Tréville remains today one of the great figures of our naval history. He led an active life in the service of France throughout a turbulent period in which he was able to display his qualities of keen political sense, seamanship and command in combat.
Latouche-Tréville (*) naquit en 1745 à Rochefort. Il entra dans la Marine de Louis XV à l’âge de treize ans pour ce qui allait être une carrière extraordinaire. Il s’illustra particulièrement lors de la guerre d’Indépendance américaine, au commandement de la frégate L’Hermione, sur laquelle il conduisit La Fayette à Boston, puis prit part à la bataille du cap Henry (première bataille de Chesapeake). Plus tard, alors qu’il commandait l’escadre de la Méditerranée qui avait pour mission d’aller protéger la réalisation du « grand dessein » napoléonien (invasion de l’Angleterre), il parvint à tenir par trois fois celui qu’il aimait appeler son « collègue », l’amiral Nelson, en échec.
Sa mort en août 1804 priva Napoléon Bonaparte d’une rare intelligence navale, et surtout du seul amiral qui a trouvé grâce à ses yeux, qui aurait pu lui épargner le désastre de Trafalgar. Emmanuel-Auguste-Dieudonné, comte de Las Cases, écrivait dans Mémorial de Sainte-Hélène : « Napoléon regrettait fort Latouche-Tréville ; lui seul lui avait présenté l’idée d’un vrai talent ; il pensait que cet amiral eût pu donner une autre impulsion aux affaires. » C’est également l’avis des contemporains, comme le futur amiral Jurien de La Gravière, qui servit sous ses ordres et le considérait comme « le seul amiral qui pût mener notre flotte à la victoire ». Aussi, Gicquel des Touches, officier sur L’Intrépide, témoignait dans Souvenirs d’un marin de la République : « J’avais déjà vu dans une carrière un grand nombre d’officiers, mais je n’avais pas rencontré de véritable chef, donnant comme celui que nous venions de perdre l’impression d’une volonté supérieure, capable de transformer les hommes et de dominer les événements. »
Latouche-Tréville était incontestablement l’un des officiers de Marine les plus brillants de son époque. Parmi toutes les qualités qui lui sont reconnues, j’ai retenu les suivantes qui, à mon sens, ont été déterminantes au cours de sa carrière d’officier. Elles sont classées non pas par ordre d’importance, mais par ordre chronologique de manière à appréhender plus facilement l’enchaînement des événements.
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