Le président Macron n’a cessé de promouvoir une Alliance atlantique plus européenne, obligeant nos partenaires de l’Otan à voir la réalité géostratégique en face, avec le retour du rapport de force, l’éloignement des États-Unis et le double jeu de la Turquie, remettant en cause les fondamentaux de l’organisation.
L’Alliance atlantique selon Emmanuel Macron
Emmanuel Macron’s View of the Atlantic Alliance
President Macron continues to promote a more European Atlantic Alliance, which compels our NATO partners to look geostrategic reality in the face. The return of challenges to the balance of forces, the reduction in the United States’ involvement and Turkey’s double-dealing are all calling into question the fundamental principles of the organisation.
La crise, qui s’est déroulée en Méditerranée orientale à la fin de l’été, a remis en avant une opposition ancienne entre la Turquie et la Grèce, mais avec de nouveaux éléments : bien sûr la question récurrente de Chypre, mais aussi les relations entre la Turquie et la Libye, la question des forages de gaz et, au-delà, celle des transits d’hydrocarbures entre l’Asie centrale et l’Europe. Beaucoup y ont vu l’activisme du président turc, Recep Erdogan. Plus surprenant a été l’activisme français. Au-delà de cette confrontation régionale, le président français Emmanuel Macron a surtout pointé la question de l’intérêt stratégique européen pour la Méditerranée et donc, de façon transparente, celle du rôle de l’Alliance atlantique. Au fond, quelles solidarités espérer entre Européens, notamment envers deux acteurs qui partagent beaucoup de choses avec l’Europe sans être stricto sensu européens : la Turquie et les États-Unis ? La question a d’ailleurs été reposée par le Président français à l’occasion de la crise du Haut-Karabakh où, là encore, il a pointé la question de la solidarité entre alliés.
Il faut ici déplacer l’analyse et interroger non ces crises en elles-mêmes, mais ce qu’elles manifestent de plus profond, à savoir une attitude française envers les mécanismes d’alliance européens, qui sont au nombre de deux : l’Alliance atlantique, bien sûr, mais aussi le traité d’Union européenne qui prévoit une solidarité stratégique, le fameux article 42§7. Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Macron, on sent une remise en cause de l’équilibre stratégique qui avait été trouvé par la France entre l’Alliance et l’UE. La continuité des propos au cours des trois dernières années suggère une modification de discours, notamment envers l’Otan. Il y aurait ainsi un retour à un certain exceptionnalisme français qu’il convient de comprendre. S’agit-il d’un retour à une posture gaullienne digne de la guerre froide ? De la prise en compte opportune d’un nouvel environnement stratégique ? Ou simplement d’une stratégie de communication mue principalement par des considérations de politique intérieure, sans vraie cohérence internationale ?
Pour tenter d’y répondre, il convient d’examiner les événements déclencheurs de la crise récente et des réactions d’E. Macron, pour revenir sur les bouleversements géopolitiques ayant affecté l’Alliance, avant de pouvoir comprendre les calculs réels du Président français.
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