La reconstruction des armées françaises après 1945 n’a pas été aisée tant celles-ci étaient divisées depuis juin 1940. Les choix faits par les uns et les autres ont pesé tant sur les carrières que sur les grandes options post-guerre, dont les conflits de décolonisation et le choix de la dissuasion nucléaire.
Histoire militaire - Les armées françaises après 1945 (2/2)
Military History—The French Forces After 1945(2/2)
Reconstructing the French forces after 1945 was far from easy, given the degree to which they had been split up since June 1940. The choices made by the various components had an effect as much on careers as they had on the major post-war options, among which the decolonisation conflicts and the decision to opt for nuclear deterrence.
L’unité de l’armée mise à mal
Même si les « deux armées », Forces françaises libres (FFL) et Armée d’Afrique ont combattu le même ennemi sur le même terrain en Tunisie, fiers et jaloux de leur particularisme, les free french de Larminat ont refusé de défiler à Tunis avec les unités françaises, et ont participé au défilé de la victoire en Tunisie dans les rangs de la VIIIe Armée britannique. Signe des temps ! Les combats d’Italie et a fortiori de la Libération ont rapproché les uns et les autres, sans pour autant effacer totalement toutes les différences. À son grand désappointement, de Lattre s’est vu refuser d’envoyer des détachements de la 1re Armée défiler à Paris le 18 juin 1945, au motif, dixit de Gaulle à son chef de cabinet, le colonel Demetz, que « Le 18 juin n’est pas la fête de la Première Armée. » Ni élégant, ni très politique, pour une fois ! En revanche, c’est de Lattre qui a commandé les troupes du défilé du 14 juillet suivant.
Même l’amalgame, pourtant glorifié par de Lattre, qui y consacre un chapitre entier dans son Histoire de la 1re Armée française, en le qualifiant de « sa plus belle victoire » est, en réalité, largement en demi-teinte. D’abord, il trouva rapidement ses limites naturelles dans la capacité d’armer et d’équiper ces nouvelles recrues avant de les envoyer grossir les rangs des unités combattantes. Ensuite, dans celle de les encadrer, même si l’École des cadres de Rouffach obtint de bons résultats. L’anarchie « bon teint » qui régnait ostensiblement dans les rangs des maquis ne pouvait que heurter l’esprit conformiste du milieu militaire traditionnel. Déjà, les formations FFL étaient supportées plus qu’admises, alors des combattants en civil – dont en toute honnêteté, nul ne pouvait mettre en doute l’ardeur combative (1) – et qui avaient parfois une idée assez relative de la hiérarchie, ne pouvaient que constituer un repoussoir pour une armée pétrie de traditions qui se méfie instinctivement de tout esprit « partisan ».
Il reste 85 % de l'article à lire