Si le poids démographique relatif de l’Europe entraîne de facto un recul inévitable, il est cependant largement possible de rebondir à condition de réinventer notre modèle de gouvernance et de proposer une approche plus réaliste mais aussi ambitieuse. Les errements récents du monde occidental permettent d’en tirer des leçons pour l’avenir.
La fin du monde occidental ?
The End of the Western World?
Whilst Europe’s relative demographic weight is witnessing an inevitable reduction, it is quite possible to recover as long as we change our model of governance and offer a more realistic, but equally ambitious approach. We should draw lessons from the recent failings of the Western world in preparing for the future.
Depuis que les civilisations existent, quatre forces ont façonné le paysage stratégique, politique, économique et social. Le climat, d’abord, qui décide de la localisation des activités humaines. La démographie, qui constitue le rapport de force le plus simple et le plus puissant entre les peuples. La technologie ensuite, qui a une fonction amplificatrice : sa maîtrise renforce les avantages ; son partage, qui exclut toute domination, permet de développer les échanges ; et son absence génère une position de faiblesse qui peut, à terme, détruire le reste. L’idéologie enfin, qui propose une vision et la promesse d’un monde meilleur, à partir de laquelle les peuples sont mobilisés et qui permet de justifier les sacrifices qui leur sont demandés. C’est cette grille qui, pour moi, permet de comprendre d’où nous venons et où nous allons, et aide à définir ce que sont nos défis et quelles doivent être nos priorités.
Un déclin inévitable de notre poids relatif
La domination de la civilisation européenne depuis les grandes découvertes du XVe siècle et surtout depuis le XIXe siècle, durant lequel la Chine a cessé d’être la première économie mondiale, peut s’expliquer à travers le prisme de cette grille, par un climat tempéré, une démographie qui était jusqu’ici très dynamique et portée par des progrès rapides du système de santé, une domination technologique depuis le XVe siècle, et enfin une vision civilisatrice – d’abord à travers l’idéal chrétien, puis démocratique, avec des valeurs fondamentales hissant le respect de la liberté individuelle au plus haut niveau, selon l’idée que l’Homme est le seul maître de son destin. Ces conditions ne sont aujourd’hui plus réunies de la même manière.
La démographie occidentale est déclinante, tandis que d’autres sont en croissance continue. L’Europe est entrée dans une ère de dépopulation (avec un nombre de décès supérieur au nombre de naissances) en 2015, tandis que d’ici 2030, un tiers de la croissance démographique mondiale sera porté par trois pays (non occidentaux) seulement : l’Inde, le Nigeria et la Chine. La part relative occupée par l’Occident dans l’économie et les échanges mondiaux décroît incontestablement depuis le dernier quart du XXe siècle, alors qu’elle augmentait depuis le XIXe siècle. L’Europe se dévitalise face à une Afrique dont la poussée démographique (30 millions de solde net positif chaque année, presque une demi-France) va devenir irrésistible.
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