Le désengagement américain au Moyen-Orient est une réalité depuis Obama, même si l’ampleur du mouvement a été relativement réduite. Cela oblige cependant les États de la région à revoir leur position, d’autant plus que l’instabilité reste une réalité et que d’autres puissances, comme la Russie ou la Chine, y ont des intérêts.
Désengagement américain : quelles sont les options pour les pays du Moyen-Orient ?
American Disengagement: What are the Options for Middle-Eastern Countries?
American disengagement from the Middle East started with Obama, albeit the rate of withdrawal has since reduced. It is nevertheless compelling countries in the region to review their position—particularly since instability is ever-present and other powers, such as Russia and China, have interests there.
Si les responsables politiques américains n’ont pas déclaré de désengagement politique, économique ou militaire du Moyen-Orient, on observe un changement bipartite évident dans les priorités régionales, qui remonte à l’Administration Obama et qui a, depuis, pris de l’ampleur dans les milieux politiques de Washington. En effet, le Moyen-Orient a joué un rôle important dans la politique étrangère de l’Administration Obama, notamment la promotion de la démocratie dans la région en réponse au Printemps arabe ; le rôle des États-Unis dans les interventions militaires en Libye et en Syrie ; la lutte contre l’État islamique ; la signature de l’accord nucléaire avec l’Iran (JCPoA) ; les opérations antiterroristes au Yémen, etc. Néanmoins, en 2011, Obama avait commencé sa stratégie de « pivot to Asia », qui promettait de consacrer davantage de ressources militaires et autres à la région Asie-Pacifique, dans le but de maintenir un équilibre des pouvoirs et de contenir la Chine. Une décision qui a été largement perçue comme un changement parallèle s’éloignant de l’accent mis par la politique étrangère américaine sur la priorité au Moyen-Orient, qui avait caractérisé une grande partie du début du XXIe siècle après le 11 septembre (1). La signature du JCPoA en 2015 n’a pas été bien accueillie par les pays de la région, en particulier par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), car l’accord a été perçu comme ne tenant pas compte des préoccupations sécuritaires du CCG en raison du refus d’Obama de les impliquer dans les négociations (2). Les pays du CCG ont fait valoir que l’accord n’aurait pas dû porter uniquement sur le programme nucléaire de l’Iran, mais aussi sur ses politiques interventionnistes et expansionnistes dans la région, qui demeurent une menace directe et imminente pour leur sécurité et leur souveraineté (3).
C’est pour cette raison que les pays du Golfe étaient initialement favorables à l’Administration Trump, dans l’espoir que ce Président accorde à nouveau la priorité aux alliés américains du Golfe. En effet, l’Arabie saoudite a accueilli Donald Trump lors de son premier voyage à l’étranger après son investiture en 2017 (4) et sa décision ultérieure de se retirer du JCPoA un an plus tard a été bien accueillie dans la région (5). Comme pour l’Administration Obama et les Administrations américaines précédentes, il serait impossible de nier le rôle important que le Moyen-Orient a joué dans le programme de politique étrangère de l’Administration Trump. Tout au long de sa présidence, Donald Trump a maintenu qu’une relation américano-saoudienne solide était vitale pour la politique étrangère et les intérêts des États-Unis dans la région (6), même si le Congrès tentait d’adopter une législation anti-saoudienne (7), et même si les relations des États-Unis avec leurs alliés européens étaient au plus bas (8).
En outre, vers la fin de la présidence de Trump, son Administration a consacré une énergie considérable à la négociation des accords d’Abraham, en plus des tentatives de négociation d’autres accords de normalisation d’Israël avec les pays de la région, ce qui contredit l’idée que le Moyen-Orient ne représente plus une priorité pour la politique étrangère américaine. Cependant, malgré l’attention que D. Trump a accordée à la région, sa doctrine de politique étrangère « America First » était largement isolationniste et incluait la réduction des troupes en Irak et en Syrie pour prouver à ses électeurs américains qu’il mettrait fin aux « Forever Wars » au Moyen-Orient commencées par Bush et une fois approuvées par Biden (9) (faisant allusion au soutien initial de Biden pour la guerre en Irak en 2003). Toutefois, cette décision est moins un désengagement de l’Irak qu’une réaffectation des ressources, l’agenda américain actuel en Irak étant axé sur la limitation de l’Iran tout en empêchant la résurgence de l’État islamique. Plus largement, la politique étrangère isolationniste de D. Trump doit être considérée dans le contexte de son hostilité générale envers les organisations internationales et le multilatéralisme, qui a remis en question le leadership des États-Unis dans le monde, notamment à la lumière de la Covid-19 et du retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (10). Une crise qui n’a fait qu’accélérer la rivalité entre les États-Unis et la Chine, et l’attention croissante que les décideurs politiques américains portent à cette dernière.
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