La coopération européenne dans le champ de la défense progresse mais nécessite beaucoup de patience et de dialogue pour que les États partenaires partagent une approche stratégique convergente. Le niveau d’ambition doit rester raisonnable, pragmatique et réaliste.
Expérience de la coopération européenne
Experience of European Cooperation
Defence cooperation in Europe is progressing, but requires much patience and dialogue if European partners are to share a convergent strategic approach. The level of ambition must remain reasonable, pragmatic and realistic.
Après avoir été nommé par le Conseil de l’Union européenne, j’ai eu l’immense privilège d’être de 2012 à 2015 le président du Comité militaire de l’Union européenne (CMUE). À ce titre, je fus représentant des 28 chefs d’état-major des armées à Bruxelles, responsable devant les nations européennes de la conduite des opérations militaires menées sous la bannière de l’Union européenne et, enfin, conseiller militaire pendant trois années de deux hautes représentantes – vice-présidentes – de la Commission européenne, Mmes Ashton puis Mogherini.
Au terme de ces trois années passionnantes, j’ai acquis une certaine expérience de la coopération européenne – notamment de ses faiblesses – mais aussi la conviction qu’unis nous sommes toujours plus efficaces sur le temps long qu’en agissant de façon isolée. Je me propose d’illustrer cela en m’appuyant sur un groupe de pays avec lequel j’ai beaucoup interagi – les pays baltes – avant de conclure par quelques constats sur l’Europe de la défense.
Les pays baltes
Au premier semestre 2015, la Lettonie présida pour la première fois le Conseil de l’Union européenne et, à ce titre, développa avec ses voisins estonien et lituanien une dynamique de communication particulièrement robuste destinée à faire percevoir aux autres États-membres leur vision des enjeux sécuritaires du moment. En effet, les tentatives infructueuses d’établissement d’un processus de réconciliation entre les pays baltes et la Fédération de Russie, mais aussi les événements en Géorgie puis les actions menées en Crimée et dans le Donbass réveillaient une histoire récente et douloureuse qu’illustrent les musées du Goulag et du KGB dans chacune des trois capitales, Tallinn, Riga et Vilnius.
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