En dix ans, le vocable Indo-Pacifique a quasiment supplanté celui d’Asie-Pacifique. Il est indifféremment utilisé pour désigner un nouvel ensemble géographique – à géométrie variable – d’importance stratégique, le point d’application de visions politiques en devenir ou encore la confluence de deux océans. Il s’est imposé dans le domaine des relations internationales pour devenir le marqueur indispensable de la politique étrangère, de sécurité et de développement des principaux États de la planète ⁽¹⁾.

Il est employé par les défenseurs d’un espace de paix et de prospérité ouvert au commerce maritime ainsi qu’à une coopération internationale au spectre large fondée sur la liberté et les règles du droit. En même temps, il est décrié par ceux qui perçoivent dans cette approche une tentative d’endiguement de la Chine et d’une alternative à son projet des routes de la soie, tandis que sous la poussée de réflexes nationalistes et de l’affaiblissement du multilatéralisme, la logique de puissance est de retour mettant à mal statu quo et équilibres stratégiques fragiles.

L’engagement de la France en Indo-Pacifique est à la fois porté par un statut de nation maritime de premier plan et de nation riveraine d’un espace stratégique agrégé autour de deux océans essentiels. Pour l’apprécier, nous examinerons les fondamentaux de la posture maritime du pays avant d’aborder les principes qui régissent l’approche politico-stratégique française de l’Indo-Pacifique.