Le Golfe, région en crise quasi permanente, pourrait entrevoir de nouvelles perspectives plus positives, à l’aune des mutations imposées par les évolutions géopolitiques dont la pandémie de la Covid-19. Certes, les tensions subsistent mais des changements pourraient être possibles.
Le Golfe : le mirage des possibles
The Gulf: the Mirage of the Possible
The Gulf region, although in almost permanent crisis, could glimpse new and more positive perspectives by dint of the changes imposed by geopolitical developments, not least of which the Covid-19 pandemic. Tensions remain, of course, but change could be possible.
La récente signature des accords d’Abraham entre Israël, les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn, ainsi que la main tendue par l’Arabie saoudite au Qatar, qui a réintégré le Conseil de coopération du Golfe après trois ans de mise au ban et d’embargo, laissent entrevoir au premier abord un alignement des planètes favorable à la pacification de la région. Ces récents rapprochements démontrent notamment avec force que la fracture religieuse n’a rien d’une fatalité. Chiites et sunnites, musulmans et juifs, tous peuvent s’entendre lorsque l’existence d’intérêts communs les y invite. Constatons à cet égard que la cause palestinienne ne semble plus faire partie des priorités du moment : realpolitik oblige.
Mais si paix il y a, celle-ci est bien singulière. D’abord, elle ne dégage pas de gagnant évident, même si le Qatar a surpris par sa capacité de résilience. Ensuite, le rapprochement entre Doha et ses voisins ne résout en rien les différends qui les opposent. La question de l’islam politique, des Frères musulmans ou encore le soutien à des camps ennemis en Libye prouvent que les oppositions demeurent réelles et qu’elles sont fortes, même recouvertes du voile de la coopération. Dans cet environnement, la nouvelle loi sur la liberté d’expression votée par Doha, qui se réserve désormais le droit de poursuivre et d’emprisonner quiconque publierait ou diffuserait une information « dans l’intention de nuire aux intérêts de la nation », pourrait être un outil de discorde supplémentaire, ajoutant complexité et rancœur à une relation déjà tumultueuse.
Un foyer de tensions
Le Golfe reste un espace fragmenté, offrant une superposition de crises locales et internationales ; un espace où prolifèrent missiles, drones et armes en tout genre ; un espace fragmenté dans lequel s’entrechoquent de nombreuses puissances et de nombreux acteurs non étatiques sans que personne ne se trouve en capacité d’assurer un leadership. Dans ce contexte instable où les conflits s’enlisent, en Syrie depuis dix ans, au Yémen depuis près de sept ans, la crise apparaît comme une constante régionale.
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