Editorial
Éditorial
Préparer la défense de demain, c’est réfléchir aux conflits du futur, concevoir les équipements avec des programmes pouvant atteindre le demi-siècle, mais surtout recruter, former et préparer les soldats qui, demain, assureront la défense des intérêts de la France. Un quart de siècle après le choix de la professionnalisation, les défis relatifs aux ressources humaines sont plus nombreux que jamais, car l’environnement géostratégique est en pleine mutation avec le retour de la haute intensité, des États-puissance et du rapport de force ; la société française a évolué avec de nouvelles aspirations et la technicité des armées a rendu obsolète le principe des gros bataillons. Quels soldats, marins, aviateurs et gendarmes pour demain ?
Quels hommes et quelles femmes sous l’uniforme aujourd’hui et pour l’avenir ? Comment concilier les impératifs opérationnels de plus en plus exigeants au regard d’une conflictualité accrue et des transformations sociétales ? Comment garantir à nos concitoyens, l’efficience de nos forces, leur aptitude à remplir leurs missions et l’emporter dans l’affrontement ? Comment concilier vie professionnelle avec le risque pouvant aller jusqu’à la mort, les absences lointaines et répétées, et une vie familiale équilibrée que l’on soit célibataire, marié, séparé avec enfants ou sans enfants ?
Autant de questions appelant des réponses et des engagements de l’institution – et de la nation également – pour que nos armées répondent dans le champ des ressources humaines à l’effort consenti par nos concitoyens pour la défense. D’où ce dossier, certes non exhaustif, mais qui apporte des approches variées, soulignant en particulier que, quelle que soit la couleur de l’uniforme, c’est bien l’Humain qui fait la différence hier, aujourd’hui et demain.
Cette dimension humaine c’est aussi, soixante ans après, le courage d’un cosmonaute, Youri Gagarine, premier homme dans l’espace. Courage et audace, il en faut encore au regard de la conquête spatiale redevenue un enjeu géopolitique majeur, exacerbé d’une part par la compétition entre les États-Unis et la Chine et, d’autre part par le New Space incarné par SpaceX et ses lanceurs réutilisables, remettant en cause les certitudes européennes longtemps incarnées par la rente de situation d’Ariane 5. D’où l’urgence désormais de réussir non seulement la mise en service d’Ariane 6, mais surtout de préparer l’après, avec des lanceurs réutilisables, objet de l’engagement du Cnes avec Prometheus et Themis.
Haute technologie, préparation de l’avenir et donc besoin d’avoir les ressources humaines adéquates dans le temps long, capables de s’adapter et d’anticiper, disponibles et engagées, car passionnées par leur métier et la mission. C’est bien une responsabilité de commandement que d’agir dans ce sens. C’est aussi une exigence accrue, car la finalité de l’engagement reste et sera toujours opérationnelle, faisant du métier des armes et de l’environnement associé un modèle « extra-ordinaire » par la prise du risque allant jusqu’au sacrifice suprême. ♦