Alors qu’Ariane 6 va commencer sa carrière en 2022, l’Europe, sous la pression de la concurrence, notamment de SpaceX, prépare déjà ses futurs lanceurs avec le nouveau moteur Prometheus. Un démonstrateur de premier étage réutilisable Themis viendra compléter le projet pour garantir l’autonomie stratégique européenne.
L’Europe prépare ses futurs lanceurs spatiaux
Even with Ariane 6 beginning its career in 2022, the pressure of competition, notably from SpaceX, means Europe is already preparing its future launch vehicles with the new Prometheus motor. A re-usable first stage demonstrator, Themis, will complement the project to guarantee European strategic independence.
Le 30 mars 2017, un premier étage d’une fusée américaine Falcon 9, qui vient de lancer vers son orbite un satellite européen de télécommunications, rentre dans l’atmosphère et commence une descente contrôlée vers une barge en plein océan Atlantique. Quelques minutes plus tard, il se pose sur celle-ci à la verticale, bien campé sur son train d’atterrissage quadripode, comme il l’avait déjà fait près d’une année plus tôt. Cet élément de fusée entre alors dans l’histoire spatiale comme le premier étage à avoir été utilisé avec succès dans deux lancements. Derrière cette première historique obtenue au terme de quinze années d’efforts, se trouve la société SpaceX du milliardaire Elon Musk. Très compétitifs sur le plan commercial, performants techniquement, fiables et capables de cadences élevées de lancement, les Falcon de SpaceX sont venus ces dernières années bousculer les équilibres établis jusque-là sur le marché des lancements orbitaux en y imposant un nouveau standard.
Consciente de la nécessité pour elle de disposer d’un accès autonome à l’espace, l’Europe ne saurait rester sans réagir face au risque d’une éviction du marché commercial des lancements. Y rester compétitive est pour elle une exigence en termes de souveraineté, alors que les mêmes industriels, au premier rang desquels l’européen ArianeGroup, conçoivent et fabriquent les lanceurs civils et des systèmes militaires stratégiques, en particulier nos missiles balistiques de la dissuasion. L’arrivée sur le marché du lanceur européen Ariane 6 s’inscrit dans cette perspective, tout comme les programmes de démonstrateur de moteur Prometheus et d’étage réutilisable Themis destinés à préparer la prochaine génération de lanceurs européens.
Au début de l’année 1999, la NASA fait tourner au banc pour la première fois un démonstrateur de moteur bas coût pour engin spatial réutilisable dans le cadre du programme Low Cost Booster Technology. Baptisé Fastrac, ce moteur devait être testé en vol sur l’avion spatial X 34, mais l’abandon de ce dernier programme en 2001 mit un terme aux essais du Fastrac. Tout au moins dans le cadre de la NASA, car la société SpaceX, créée quelques mois plus tard et qui se lance dans le développement d’un lanceur réutilisable, conçoit celui-ci autour du moteur Merlin qui reprend, en accord avec la NASA, beaucoup d’éléments de conception et de technologies du Fastrac. D’autres technologies plus anciennes mises au point par la NASA sont aussi reprises, comme celle en particulier de l’injecteur à aiguille dans la chambre de combustion qui a été développée pour le moteur du module lunaire du programme Apollo.
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