La France a inclus les vols biologiques avec l’envoi d’êtres vivants à bord de fusées-sondes dès son premier programme spatial le 9 avril 1959. Ce jour-là, le Comité de recherches spatiales (CRS), qui avait été créé le 7 janvier par le gouvernement, publie un programme sur six ans (1959-1964). La première campagne de lancements de trois fusées-sondes Véronique-AGI intervient en mars 1959 : elles larguent en altitude un nuage de sodium du Service d’aéronomie du professeur Jacques Blamont (1926-2020).

À cette époque, les États-Unis et l’Union soviétique étaient entrés dans la course à l’espace depuis deux ans. Après les premiers satellites, puis les premières sondes interplanétaires vers la Lune, Vénus et Mars, les premiers vols habités étaient en préparation. Du côté américain, les animaux utilisés étaient des singes depuis 1948, et du côté soviétique, les animaux étaient des chiens depuis 1951. Puis le premier être vivant placé en orbite fut la chienne Laïka le 3 novembre 1957.

La France a donc décidé d’en faire autant avec des fusées-sondes Véronique. Il est demandé au Centre d’enseignement et de recherche de médecine aéronautique (Cerma) de s’en occuper. Le centre avait été créé en 1946 et a été dirigé par le médecin-général Robert Grandpierre (1903-1984). Il décide d’utiliser des rats pour étudier la vigilance en apesanteur par la mesure de l’activité corticale et réticulaire à l’aide d’électrodes fixées dans le cerveau (électroencéphalogramme). Le premier vol intervient le 22 février 1961 : la fusée-sonde Véronique-AGI n° 24 décolle de Hammaguir avec le rat Hector qui subit cinq minutes d’apesanteur. Le rat est récupéré et le vol est un succès total !