La France se veut être encore un acteur stratégique de premier rang. Or, les faits démontrent une réelle perte d’influence. La campagne présidentielle de 2022 devrait obliger à une réflexion en profondeur sur notre modèle de défense et sur la définition d’une vraie stratégie pour affronter les défis de demain et non ceux d’hier.
La France, acteur stratégique ? Un questionnement
France, a Strategic Actor? An Issue Worthy of Question
France still sees itself as a top-rank strategic actor, and yet the facts show a distinct loss of influence. An aim of the 2022 presidential campaign should be to require a genuine in-depth review of our defence model and definition of a real strategy to confront the challenges of the future and not those of the past.
Cette année, le cycle de la Chaire « Grands enjeux stratégiques contemporains » de la Sorbonne (Paris 1) avait choisi pour sa huitième édition de s’intéresser à la France. Le thème, « La France, acteur stratégique ? », s’est imposé d’emblée. La politique de défense de notre pays mérite examen après des changements géostratégiques récents accentués, pour certains, par les effets de la pandémie de la Covid-19. Il était aussi opportun d’en traiter à la veille des élections présidentielles de 2022.
Le temps du constat
Depuis 2008, notre pays est exposé, comme d’autres en Europe, à la propagation de crises (choc financier, flux migratoires incontrôlés, attentats islamistes, cyberattaques, pandémie de la Covid-19). Il donne cependant, parfois plus que d’autres, l’impression d’être pris au dépourvu et de subir. En matière de sécurité internationale comme dans la gestion des crises, ses initiatives semblent faire long feu. Les propositions de la France pour répondre, dans un cadre européen, aux défis que posent les provocations et l’expansionnisme de la Russie, le comportement militairement désinhibé de la Turquie dans notre voisinage ou encore les ingérences chinoises, peinent à trouver l’appui de nos partenaires. L’objectif d’autonomie stratégique de l’Union tarde à se concrétiser dans le lancement de projets à la hauteur de cette ambition. La défense européenne dont la relance était recherchée, en dépit de quelques résultats dont la création du Fonds européen de défense, semble régresser dans l’ordre des priorités politiques, notamment du fait du réengagement très actif de nos partenaires dans l’Otan depuis l’élection de Joe Biden. La « boussole stratégique » de l’Union risque finalement de ne rien désigner d’autre que le nord magnétique fixé par le nouveau « concept stratégique » de l’Otan. Notre pays, dont le crédit est par ailleurs engagé dans l’opération Barkhane, voit en outre le conflit du Sahel se refermer sur lui, sans solution évidente de sortie de crise après huit ans de guerre.
Trente ans après la fin de la guerre froide, un retour de notre politique de défense et de sécurité, non seulement sur ses attendus mais sur ses performances, s’impose également, avec le deuil de quelques prétentions si l’on regarde lucidement les faits.
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