Le président Macron a exprimé, dès le début de son quinquennat, ses ambitions stratégiques pour l’Europe. Avec cependant des difficultés à faire bouger les lignes et bousculer l’inertie européenne. La diplomatie globale ainsi souhaitée nécessite des efforts s’inscrivant dans la durée et avec des moyens conséquents.
Emmanuel Macron, disrupteur stratégique ? Ambitions et réalité
Emmanuel Macron, a Strategic Disrupter? Ambitions and Reality
Since the beginning of his five-year term, President Macron has expressed his strategic ambitions for Europe, though not without difficulty in getting lines to move and in overcoming European inertia. The overall diplomacy he would wish for requires long-term effort and considerable asset support.
Emmanuel Macron a fait irruption sur la scène internationale en 2017, paré de l’image du disrupteur, sur fond de grands bouleversements de l’ordre mondial. Lui-même est le fruit de la disruption, en rupture avec les schémas traditionnels de politique intérieure. Quelle a été, dans ce contexte, l’approche du président Macron du rôle de la France comme acteur stratégique ? Comment évaluer, aux quatre cinquièmes de son quinquennat, la progression ou la régression de l’ambition stratégique de la France ? « Mettre la France au cœur du jeu diplomatique », alors même que ce jeu affrontait de profondes mutations : c’est la mission que s’était assignée le chef de l’État. À l’issue de ces quatre années mouvementées se dessinent quelques échecs, quelques avancées et quelques ajustements.
La méthode Macron
Emmanuel Macron n’a que trente-neuf ans lorsqu’il s’installe à l’Élysée, ce qui le place dans un rapport à l’histoire du XXe siècle très différent de ses prédécesseurs. Il est né sept ans après la mort du général de Gaulle, bien après la guerre d’Algérie et la décolonisation, il n’avait pas douze ans lorsque le mur de Berlin est tombé. Il n’est pas non plus inhibé par le traumatisme de l’échec du référendum européen de 2005. Il est d’une génération qui peut aborder cette phrase de décomposition de l’ordre international au XXIe siècle sans le poids du siècle précédent.
Pour autant, c’est un observateur attentif de l’Histoire ; il n’entend pas renier celle de la Ve République. Il se veut agile, ouvert et pragmatique, mais il est aussi héritier d’une culture classique dont il se revendique, celle d’une France qui veut faire entendre sa voix et défendre ses intérêts, y compris au sein de ses alliances, tout en restant ferme sur les valeurs héritées des Lumières. Un mot revient régulièrement dans son vocabulaire, celui de « vassal » : un statut que ni la France ni l’Europe ne doivent accepter.
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