L’Union européenne a constaté sa totale dépendance à la mondialisation sur le plan économique et sa très faible autonomie stratégique, l’Otan l’assurant sur le plan de la sécurité. Il est donc urgent et nécessaire de redéfinir ce que signifierait cette autonomie et donc de proposer ainsi un objectif politique.
Comment définir l’autonomie stratégique européenne ?
How Should European Strategic Independence be Defined?
The European Union has taken note of its total dependence on globalisation regarding economic issues and of its very weak strategic independence, given that its security is assured by NATO. It is therefore urgent and necessary to redefine what might be meant by such independence and therefore to propose a political objective.
« Il faut en finir avec l’illusion d’une autonomie stratégique européenne. Les Européens ne pourront pas remplacer le rôle capital qu’ont les États-Unis en tant que garants de leur sécurité. » Ces propos publiés quelques jours avant l’élection américaine par la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, alors présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), avaient fait l’effet d’une bombe dans la relation franco-allemande : pétard mouillé contre la vision française de la relation transatlantique ou « engin explosif identifié » contre la politique officielle de l’Union européenne (UE) en matière de défense ? Peut-être ni l’un ni l’autre, mais plus probablement un appui maladroit, si ce n’est intempestif, à la candidature de Joe Biden… – et ce d’autant plus que, lors d’une visioconférence organisée récemment par l’Institut français des relations internationales (Ifri), Mme Kramp-Karrenbauer a quelque peu nuancé ses déclarations sur le sujet. Quoi qu’il en soit, cette prise de position vient à point nommé dans une période où, bien au-delà de la question de la défense de l’UE, est posée celle de sa capacité à rester maîtresse de son destin dans tous les domaines stratégiques.
Car c’est bien de cela dont il s’agit désormais. Les multiples répercussions de la pandémie et les immenses bouleversements qu’elle provoque et provoquera dans les années à venir, ont créé un choc que l’on doit espérer salvateur pour l’avenir de l’Union et qui a mis en évidence sa vulnérabilité actuelle, dans le domaine sanitaire, bien sûr, mais dans bien d’autres, notamment dans la quasi-totalité des activités économiques du continent.
Comme toutes les entités géopolitiques dans le monde, l’UE est tributaire de la mondialisation. Celle-ci porte sur tous les domaines de l’activité humaine. L’illusion – là, le terme est adapté – serait de penser que la mondialisation appartient au passé et que l’Europe pourrait vivre en autarcie. L’écologie outrancière de certains de nos compatriotes peut évidemment faire rêver d’une France totalement indépendante des échanges mondiaux ou d’une Europe veillant jalousement sur son pré carré aussi bien pour son économie et son mode de vie que pour son industrie, son agriculture, son énergie et même sa culture. Force est de constater que l’interdépendance des États et l’imbrication de chacun dans le marché mondial règlent l’activité humaine et continueront à régir le commerce international en dépit de tous les souhaits – au demeurant légitimes – d’émancipation et de retour à l’autarcie régionale.
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