La guerre d’Indochine a été très pénalisante pour l’Armée de l’air qui devait à la fois entamer une modernisation indispensable pour assurer sa mission au sein de l’Otan afin de défendre le continent européen et soutenir les troupes engagées dans la péninsule indochinoise avec du matériel dépassé et un personnel limité.
Histoire militaire – La guerre d’Indochine, le « tombeau » de l’Armée de l’air (1945-1954)
Military History—The War in Indochina, the Grave of the Air Force (1945-1954)
The war in Indochina was seriously disadvantageous for the Air Force, which had to begin essential modernisation in order to conduct its NATO mission to defend the European continent, and at the same time support the troops committed on the Indochinese peninsula with outdated materiel and limited personnel.
Deux périodes peuvent être distinguées concernant la participation de l’Armée de l’air à la guerre d’Indochine : alors que, jusqu’en 1950, il est possible d’observer une relative priorité pour l’Union française, à compter de cette année, correspondant d’ailleurs à la mise sur pied de l’Otan, la priorité va progressivement basculer vers la défense de l’Europe. Au moment de cette bascule d’effort, les moyens dont dispose l’Armée de l’air en Indochine s’élèvent à quatre groupes de chasse et quatre groupes de transport. La durée de séjour des unités volantes étant de dix-huit mois, cela revient, pour la métropole, à constituer et à projeter en Indochine un groupe de marche tous les quatre mois et demi.
Le paradoxe de l’engagement de l’Armée de l’air en Indochine consistera, dans les faits, à expédier sur place des unités équipées d’un matériel dépassé sur le théâtre européen (des avions de combat à hélice) qu’il faudra acquérir à grands frais à l’étranger, au détriment d’avions plus modernes. Dans le même esprit, les pilotes, formés également à grands frais sur des appareils à réaction, vont y perdre les acquis de leur formation. Cette question de qualification du personnel navigant est transposable, exactement dans les mêmes termes, aux mécaniciens chargés de la maintenance d’appareils de combat, alors déclassés en métropole. Cette contrainte ne s’applique pas aux formations de transport.
En 1949, le général Léchères, chef d’état-major de l’Armée de l’air (CEMAA) et président du comité des chefs d’état-major, cette dernière fonction ajoutant du poids à ses avis, souligne que le niveau atteint par l’Armée de l’air en Indochine représente l’extrême limite de ses possibilités. Il ajoute (1) : « Un nouveau renforcement, souhaitable du seul point de vue opérationnel, entraînerait la nécessité de reprendre le problème à la base et de consacrer à sa solution, par priorité, tous les moyens de l’Armée de l’air, tout en procédant à des mesures de mobilisation, seules capables de fournir quantitativement et qualitativement, les effectifs complémentaires nécessaires. »
Il reste 83 % de l'article à lire