Charles Nungesser – De l’as de la Grande Guerre au disparu de l’Atlantique
Charles Nungesser – De l’as de la Grande Guerre au disparu de l’Atlantique
Charles Nungesser, un nom que l’on associe à celui de François Coli ; les deux pilotes disparus en 1927 pendant leur traversée de l’Atlantique en avion, l’Oiseau Blanc, avec pour destination l’Amérique du Nord.
L’auteur, historien militaire, a souhaité retracer le parcours détaillé de Charles Nungesser, depuis son enfance jusqu’à sa mystérieuse disparition. Balayant les ouvrages romanesques et sujets à caution publiés auparavant, il s’est efforcé, grâce à ses recherches, de faire revivre ce pilote hors normes en s’approchant au plus près de la vérité. Les nombreuses lettres envoyées à sa mère depuis l’Argentine, où il effectua son premier vol, jusqu’à son retour en France au printemps 1914, nous permettent de connaître les pérégrinations de Nungesser avant la Grande Guerre.
Après son incorporation au 2e régiment de hussards, il est nommé « Hussard de la Mors » car, après avoir mis à l’abri son officier blessé, il capture une automobile à des officiers prussiens, une Mors 40 CV contenant des documents de haute importance. Suite à cette action, il est promu brigadier et reçoit la médaille militaire. Son vœu est exaucé en 1915 : tout en restant attaché à son arme, la cavalerie, il est transféré dans l’aviation et reçoit quelques mois plus tard son brevet officiel de pilote ; puis promu maréchal des logis avec une affectation à l’escadrille de bombardement VB 106 qui vole sur Voisin. Il entre ensuite, enfin, dans l’aristocratie des pilotes en passant dans une escadrille de chasse mais, heureux des victoires qu’il remportera dans les airs contre l’aviation allemande, il sera marqué par la vision d’horreur des combats, car il est sportif et non tueur.
Ainsi, jusqu’à la fin de la guerre, il cumulera les combats avec 43 victoires homologuées – dont la cinquième fera de lui un « As » ! – et les blessures qui font partie de son personnage. Salué par la presse, Nungesser connaît la gloire avec de multiples citations et décorations françaises et alliées, dont l’attribution en 1916 de la Médaille d’Or de l’Aéro-Club de France. Guynemer ayant été tué en 1917, il occupera la première place en devenant l’As des as. En 1918, il est fait officier de la légion d’honneur avec une citation qui résume toutes les précédentes. Il se fera remarquer également, malgré ses blessures, comme nageur en participant à des compétitions dont il sort vainqueur, tout en commentant : « J’ai tenu à redonner confiance à tant d’hommes blessés et abîmés qui se croient finis pour le sport. J’espère que mon exemple leur servira et les engagera à persévérer. »
En décembre 1918, après l’armistice, Nungesser est affecté au Service technique de l’aéronautique au Bourget. Il participe à des courses avec d’anciens pilotes, des cérémonies et des commémorations. Il fait partie des célébrités du Tout-Paris. Il crée une école de pilotage et sa société Nungesser-Aviation, proposant diverses activités, comme des vols de nuit ou des vols acrobatiques. Il démissionne de l’armée d’active en 1922 pour être nommé dans la réserve ; il est promu au grade de capitaine en 1923.
C’est aux États-Unis qu’il remportera de nouveaux succès en s’exhibant à bord de ses appareils lors de meeting, et qu’il se mariera avec une riche « Américaine pur jus ». Il participera également comme acteur, jouant son propre rôle, dans son unique film The Sky Raider. De retour à Paris, il se lance dans son grand projet, la traversée de l’Atlantique. Pour atteindre New York et amerrir devant la statue de la Liberté avec son complice navigateur Coli, il réussit à convaincre Pierre Levasseur de lui construire un « avion marin » sur mesure.
On retiendra son emblème « fétiche », le cœur noir et les tibias croisés, encadrés par deux flambeaux et un cercueil, peint sur le fuselage de ses avions, dont l’Oiseau Blanc portera ce blason avant de disparaître au-dessus de Terre-Neuve. Malgré des témoignages et une enquête officielle en 1982 qui, dans son rapport, estime probable que « c’est au-delà de l’Irlande que Charles Nungesser et François Coli ont presque certainement disparu et non dans la Manche », les deux aviateurs occupent toujours les esprits.
La qualité de l’ouvrage est à souligner. Le style de l’auteur y est pour beaucoup, mais on perçoit aussi un bon travail de relecture par des professionnels, apportant une fluidité au récit ; ce qui n’est pas le cas pour toutes les productions actuelles. ♦