Le renseignement n’est plus l’apanage des agences étatiques. D’autres acteurs y contribuent désormais et il est important d’établir des passerelles permettant plus de souplesse et d’efficacité. La France doit investir dans cette direction pour être en mesure de répondre aux menaces de demain.
Gérer la libéralisation du renseignement
Managing the Liberalisation of Intelligence
Intelligence is no longer the privilege of state agencies. Other players are now contributing to gathering information and it is important to establish bridges which lead to greater flexibility and efficiency. France needs to invest in this field to be in a position to respond to future threats.
L’histoire du renseignement au XXe siècle a été marquée par l’institutionnalisation des services au sein de l’appareil d’État. Une définition communément acceptée du renseignement le présente comme une « activité secrète d’État qui vise à comprendre et influencer les menaces » (1). La vaste majorité de la recherche et des débats sur le renseignement porte donc sur le rôle des pouvoirs publics et de leurs services, à l’instar de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), de la National Security Agency (NSA) américaine ou encore du Security Service (MI5) britannique.
Ces vingt dernières années, les services de renseignement occidentaux ont pourtant connu un mouvement de libéralisation qui remet en cause la place de l’État en matière de renseignement. Faire du renseignement au XXIe siècle, ce n’est plus seulement rechercher des informations sensibles et les analyser, mais également gérer de manière efficace un ensemble de relations aussi complexes qu’essentielles entre les services de l’État et le secteur privé.
Dans une première partie, cet article explique les rôles joués par différents types d’acteurs non gouvernementaux dans le renseignement de sécurité nationale contemporain. Une distinction est faite entre la sous-traitance et les contractuels au sein même des services. Néanmoins, ces deux phénomènes participent de ce qu’on pourrait appeler une libéralisation du renseignement, dans le sens d’une diminution, ou en tout cas d’une évolution, du rôle traditionnel de l’État. Ces développements tendent à montrer que l’État et ses fonctionnaires ne détiennent pas un monopole sur les savoirs et savoir-faire liés au renseignement de sécurité nationale.
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