Le réchauffement climatique pose de vraies questions de sécurité avec des évolutions complexes à évaluer. D’où l’intérêt à utiliser des outils spécifiques du renseignement pour mieux évaluer et donc anticiper d’éventuelles crises posées par ce défi global.
Le renseignement, potentiel pilier des questions climatiques
Intelligence: a Potential Linchpin of Climate Matters
Climate change poses questions on security concerning developments that are complex to evaluate. There would be advantages in using dedicated intelligence tools for the better assessment and anticipation of possible crises posed by this global challenge.
S’il est aujourd’hui communément admis que l’augmentation des températures moyennes provoquée par une émission excessive de gaz à effet de serre entraîne un lot de conséquences néfastes pour la pérennité et la stabilité des sociétés contemporaines, les moyens nécessaires à la prévention de ce phénomène restent largement débattus. C’est le cas de la contribution des services de renseignement à la lutte contre le réchauffement climatique et à la gestion des risques qu’il engendre.
Le processus de réchauffement climatique étant d’ores et déjà amplement entamé (1), un double impératif semble s’imposer aux décideurs. Le premier est de s’assurer que les conséquences inévitables de la hausse constatée ou anticipée des températures moyennes ne créent pas de risques trop grands pour la sécurité des populations et des institutions. En effet, parce qu’il transforme les systèmes naturels, ce phénomène fait advenir un grand nombre de sous-phénomènes à risque parmi lesquels des catastrophes naturelles, une conflictualité exacerbée dans l’accès aux ressources ou encore la disparition d’espaces habitables et cultivables par la montée du niveau de la mer et l’acidification des sols (2). Le second est de permettre la transformation de la société de telle sorte que les émissions de gaz à effet de serre ne dépassent plus les capacités naturelles d’absorption des océans et de la biosphère (3). Sur ces deux points, les services de renseignement ont un rôle à jouer. Parce qu’ils sont les alliés naturels des décideurs politiques dans la compréhension des menaces existantes et dans l’anticipation des risques à venir, et parce qu’ils produisent des analyses destinées à faciliter l’action, les services de renseignement pourraient jouer un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. Aux États-Unis, le sujet de leur participation à cette nécessité politique connaît un fort regain de popularité avec la mise en place de l’Administration Biden. Les appels à la contribution des agences étasuniennes se sont multipliés dans la presse spécialisée (4) et l’actuelle directrice du renseignement national, Avril Haines, a dit du changement climatique qu’il était un « défi qui définira la prochaine génération » (5).
Au regard de ces éléments, nous interrogerons dans cet article le rôle que pourraient jouer les services de renseignement dans la lutte contre le réchauffement climatique et sa pertinence au regard de leur raison d’être. Nous envisagerons sommairement les outils qu’ils peuvent déployer en ce sens et les changements de perspective que cette contribution appelle pour les services de renseignement.
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